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Le rendez-vous raté avec le prestige
Constantine, capitale de la culture arabe
Publié dans Liberté le 23 - 02 - 2015

À quelques semaines du lancement des premières activités antérieures à l'inauguration de la manifestation "Constantine, capitale de la culture arabe 2015", la dizaine de chantiers sont toujours ouverts, laissant éventrée une cité qui supporte mal d'être ainsi offerte aux passants et à ses propres enfants. Aux travaux qui s'éternisent, s'ajoute le recours sans compter à la tirelire de la collectivité et ces soupçons qui pèsent dès le début sur la moralité de certaines actions et démarches. Tel un mauvais présage, le premier scandale fut celui relatif au plagiat du logo de la manifestation. Un copier-coller du logo d'un événement identique accueilli par une autre ville arabe il y a quelques années. Ironie du sort, un plagiat dans un événement dont le commissaire n'est autre que le DG de l'ONDA, l'organisme en charge de la protection des droits d'auteur !
Se balader à Constantine, en cette fin février 2015, c'est comme aller rendre visite à un vieux malade au chevet duquel des toubibs s'acharnent pour le tirer des griffes de la mort. Le décor est tel qu'on a l'impression que l'heure est grave, qu'il n'y a plus de temps à perdre dans les diagnostics et le choix des protocoles de traitement. Le pronostic vital est engagé. Lacement des diagnostics et médication doivent aller de pair, pour gagner du temps, nous dit-on. Le corps est délesté des résidus du poids de plus de 50 ans de laisser-aller. On veut le débarrasser de la graisse emmagasinée par des décennies d'inertie en matière de développement. On s'empresse à lui effacer les rides, ces expressions d'une société qui ne cesse de tourner le dos à la modernité On cherche à le doter de nouveaux habits et gadgets pour lui redonner goût à la vie et en améliorer les commodités.
Depuis deux ans, le Vieux-rocher est au centre de toutes les attentions afin qu'il puisse gagner son ultime combat, celui de vaincre la clochardisation, ce mal qui le ronge et le précipite vers l'abîme..., un nom que porte tout un boulevard. Un autre mauvais présage disent les plus pessimistes, car ce dernier abrite l'hôtel de ville, là où se discutent et se décident le présent et l'avenir du vieux.
Depuis octobre 2014, Cirta dispose de son 8e pont, le Trans-Rhummel, un joyau post-indépendance. Il y a eu des retards de deux années dans la livraison du viaduc avec les surcoûts qui en découlent, mais l'essentiel, vous disent les Constantinois, est que l'infrastructure est là, enfin opérationnelle. L'urgence s'est imposée, la ville est asphyxiée par les embouteillages, et le centenaire Sidi Rached ne peut plus, à lui seul, assumer la lourde responsabilité de relier la vieille ville à sa banlieue sud. L'événement "Constantine, capitale de la culture arabe 2015" est certainement pour quelque chose dans la limitation de la durée des retards de la livraison du viaduc. Une chance dont n'a pas bénéficié le tronçon Djebel El-Ouahch de l'autoroute Est- Ouest qui enregistre, lui, un retard de cinq ans. Tout un quinquennat, soit le temps qu'il a fallu à l'ex-RDA pour se mettre au niveau de l'ex-RFA après la chute du mur de Berlin et la réunification. Ce jour-là, notre traversée du Salah-Bey, c'est ainsi que le viaduc a été baptisé, a coïncidé avec le passage d'un cortège de nouveaux mariés venus observer une halte, comme pour implorer ce géant tout en tournant le dos au pont et au mausolée Sidi Rached, situés plus bas. Autres temps, nouvelles attractions, autres mœurs.
Le matelas à même le sol institutionnalisé dans les maternités
Plus au nord, sur le versant d'El-Mansourah du Salah-Bey, nous croisons, sur le boulevard de l'Est, des élèves en file indienne, de retour d'une visite médicale. Ici, jeudi 27 novembre 2014, peut-être les mêmes mômes, âgés entre 11 et 14 ans, se sont affrontés à coups d'armes blanches et de cocktails Molotov. La violence urbaine n'est pas le monopole des jeunes et des adultes. La violence et la drogue sont aux portes d'une école qui a mal. Toute l'Algérie se souvient encore de ces images hallucinantes que même la très réservée ENTV a fini par diffuser avec des classes de plus de 50 élèves à Ali-Mendjeli et des gamins subissant des cours, debout, huit heures durant ! Des écoles avec des cantines servant des casse-croûtes froids par les femmes de ménage est l'autre menu de l'école publique à Constantine.
On dirait qu'un sort a été jeté aux enfants de Constantine qui découvrent la souffrance avant même de venir dans ce monde. L'hôpital Mère et enfant de Sidi Mabrouk est fermé depuis deux ans pour travaux, lui aussi. En attendant sa réouverture, les parturientes sont admises, deux par lit, dans les rares maternités de la wilaya en activité. à la maternité du CHU, il arrive que les malades signent un bulletin d'admission acceptant d'être admises... par terre, faute de lits libres. à Constantine, capitale de la culture arabe en 2015, les enfants souffrent alors qu'ils sont encore portés par leurs mères.
Le seau sur la cuisinière chasse le chauffe-bain
à Constantine, la souffrance est aussi subie chez soi. Dans la troisième ville du pays, l'électricité et le gaz ne sont pas toujours synonymes de cadre de vie. Mercredi 10 décembre 2014, une famille est asphyxiée au monoxyde de gaz à l'UV 9 dans la nouvelle ville Ali-Mendjeli. Le même jour, à l'UV 5, ce sont 15 compteurs qui prennent feu. Le phénomène est récurrent et ce sont les citoyens qui sont accusés de tous les maux au lieu de chercher du côté de notre façon de gérer la ville. Mercredi 26 novembre 2014, à 21h, court-circuit et début d'incendie dans les compteurs d'une cage d'escalier à la cité Sakiet-Sidi-Youcef. Citoyens et policiers de permanence appellent la permanence de Sonelgaz, mais pas de réponse. Ce n'est qu'à 22h15 qu'une voix s'excusera de l'impossibilité d'intervenir, car la boîte n'assure plus de permanence après 21h30. La situation semble coincée au point que même les entreprises internationales leaders dans leurs domaines trouvent toutes les difficultés pour venir à bout des problèmes. Venue à Constantine pour assurer la gestion de l'eau et transférer le management aux jeunes cadres locaux, la Marseillaise des eaux peine toujours à garantir une alimentation H 24. Ainsi, à Constantine, en ce février 2015, l'eau n'est toujours pas distribuée H 24, et afin d'étaler l'amplitude horaire et diminuer les fuites, la pression de l'eau est diminuée. Du coup, depuis plus d'une année, le Constantinois qui prenait sa douche en utilisant le chauffe-bain est revenu à des pratiques du siècle dernier. Faute de pression, il est obligé de chauffer sur la cuisinière l'eau pour sa douche. Première victime, les personnes âgées et les enfants pour qui la toilette est devenue une corvée. Un recul en matière d'hygiène corporelle, la veille de "Constantine, capitale de la culture arabe 2015".
Les Marriot et Zénith sur les décombres de la vieille ville qui rend l'âme
La nouvelle ville Ali-Mendjeli c'est relativement récent, et les habitants sont majoritairement les relogés des bidonvilles. Est-ce qu'une fois ces derniers partis, les quartiers où ils vivaient auparavant se portent aujourd'hui mieux ? Retour à l'axe Daksi - Oued El-Had - Sakiet-Sidi-Youcef - Ziadia, ces cités qui datent des années 1970 - début 1980. Les relogés sont partis, mais la non-gestion est restée là. Les mêmes gourbis sont déjà occupés par plus de 400 nouvelles familles qui ont déjà entamé la coupure périodique de la route et leurs sit-in devant le siège de la wilaya pour exiger leur relogement et... un appartement par carnet de famille et non par gourbi ! Les Constantinois, eux, ceux qui ne pourront jamais vivre dans un "zingloville" et n'oseront jamais barricader la route devant des ambulances, finiront leurs jours célibataires chez leurs papas.
Avant de quitter Cirta, passage par le centre- ville. On a l'impression de vivre hors du temps. Retour au centre-ville. Il n'est pas encore 18h et les rues commencent à se vider des passants. Les retardataires ont toute latitude d'observer ces travaux mal faits, avec l'impression que la ville est devenue un gouffre pour l'argent public. Trottoirs, chaussées, devantures des maisons et des commerces, escaliers, tout est refait, que ce soit à Saint-Jean, Trik Stif, rue de France..., sauf la vieille ville, la Souika et Sidi Djeliss... Tels les lambeaux d'un tissu en déconfiture, les vieilles bâtissent se détachent d'un corps en fin de vie et tombent les unes après les autres. Il est à peine 19h, et les derniers policiers régulant la circulation se retirent d'une cité qui semble ne pas avoir atteint l'âge et la maturité de se permettre la vie nocturne. Se termine, ainsi, notre balade dans une ville qui semble avoir les moyens de se payer les thérapies les mieux indiquées et les liftings les plus souhaités pour être prête le jour "J" et épater les visiteurs, nos frères arabes que nous allons inviter à venir voir qu'on est toujours jeunes, plus beaux, plus riches et plus généreux. à Constantine, nous sommes des Algériens et avec le prestige on ne badine pas ! On n'a pas les plus grandes usines et ports d'Afrique, la plus importante flotte et les plus renommées des universités de la région. On est à la traîne dans l'enseignement, les NTIC, l'eau potable, le système des soins, les transports urbains, l'hygiène, la sécurité publique..., mais qu'importe. à partir d'avril 2015, notre Constantine aura les plus retentissants des concerts, les plus médiatisés des festivals et les plus grandes expositions jamais organisés dans le monde arabe. Le Vieux Rocher n'aura pas que son Foundok de Rahbat El-Djemal et sa Batha, ni ses Rbaïne Chrif, mais aussi des Marriott et des palaces. Il n'aura pas 7 mais bien 8 ponts. À partir de 2015, les femmes de Constantine troqueront la mlaya noire, qu'elles avaient juré de ne jamais enlever en guise de chagrin à la suite de la mort du bien-aimé Salah Bey, pour un hayek blanc immaculé !
M. K.


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