Les pluies torrentielles accompagnées de fortes rafales de vent, qui se sont abattues sur toute la région extrême-est du pays, durant les journées de mercredi et jeudi, ont particulièrement affecté la wilaya d'Annaba, où l'on a déploré un grand nombre de sinistres suite à une montée exceptionnelle des eaux. La Protection civile indique que ses éléments sont intervenus en 123 endroits différents de la ville, chef-lieu, inondés jeudi. Cette même source signale que les sapeurs-pompiers dépendant des unités d'Annaba ont été mis à rude épreuve pour venir en aide aux populations de la cité Boukhadra, où le niveau des eaux a atteint jusqu'à un mètre, mettant en péril les habitations, pour la plupart précaires, de ce quartier, ainsi que leurs occupants. La menace a été telle que 87 personnes ont dû être transférées en urgence vers des centres de transit à bord des véhicules de type 4X4 des pompiers, jeudi, alors qu'une évacuation générale de plusieurs quartiers de cette zone était envisagée, hier vendredi, a signalé un membre de l'APC d'Annaba. Le maire d'Annaba, que nous avons contacté, ne cache pas que la situation induite par les fortes précipitations de ces derniers jours a été très préoccupante autant pour la municipalité, que pour la Protection civile et la Direction de l'hydraulique. Farid Merabet affirme qu'il y a eu plus de peur que de mal en fin de compte, et que même s'il y a des habitants qui ont eu les pieds dans l'eau dans certains quartiers, à l'instar de ceux de Bidari, ou encore des cités du 8-Mars et des Peupliers, en aval du mont de l'Edough, il n'y a pas eu de dégâts comme par le passé. Soulagé, il se félicite du fait que toutes les stations de pompage, particulièrement celles desservant les secteurs du front de mer, de Jabanet Lihoud et Auzas, aient bien fonctionné. La circulation automobile dans la région a, en revanche, été perturbée durant les deux journées. La RN44, principale voie de communication entre les villes d'Annaba, de Skikda et de Constantine, en passant par Berrahal et dont une partie était inondée, a été bloquée jeudi vers 10h30 par des jeunes des cités Chabbia et Kherraza, dans la daïra d'El-Bouni. Des centaines d'usagers, dont des malades à bord d'ambulances, ont eu à pâtir de ce mouvement de foule qui s'est prolongé des heures durant, regrettent des témoins. Ceux qui ont réussi à rebrousser chemin en faisant un long détour, ont été de nouveau bloqués, par ailleurs, du côté de Hadjar-Eddis, dans la commune de Sidi-Amar, par un groupe de protestataires menaçants. Un riverain précise que des centaines de véhicules, des bus, des camions, des taxis sont restés immobilisés pendant près de 5 heures, avant qu'un petit passage leur soit finalement concédé par les protestataires après l'arrivée des brigades d'intervention rapide de la Gendarmerie nationale. Cela, alors que d'autres usagers ont été contraints de faire un détour d'au moins 70 km à l'ouest de la daïra de Berrahal, à travers les bourgs et villages de la daïra d'Aïn-Berda, en passant par celle d'El-Hadjar, pour rejoindre, enfin, la limite des wilayas d'Annaba et de Skikda. Avec la présence des dizaines de poids lourds et bus de voyageurs massés au milieu de la chaussée, c'était une véritable cohue, rapporte un autre temoin. Mêmes scènes de colère et de dépit du côté de Hadjar-Eddis, où la route était coupée non loin de l'entrée ouest du complexe sidérurgique d'El-Hadjar. Selon des automobilistes, une barricade a été dressée à cet endroit par des adolescents et des enfants âgés entre 14 et 16 ans, lesquels étaient encadrés par des adultes à la mine patibulaire et déterminés à racketter les gens de passage, quitte à user de la force. A. Allia/B. Badis