Les pouvoirs publics semblent décidés à mettre de l'ordre dans l'attribution des concessions pour l'exploitation des plages à travers une série de mesures concrètes, dont la gratuité des parkings. Une fois n'est pas coutume pour deux institutions de l'Etat qui s'affrontent pour soutenir deux avis différents. Pour le ministère du Tourisme, "tout se met en place pour améliorer la situation du tourisme en Algérie", supposant, ainsi, qu'il existe déjà un minimum. Le ministère de l'Intérieur est, quant à lui, d'un tout autre avis. Hier, lors de la rencontre tenue à l'hôtel Oasis pour dresser le bilan de la saison estivale 2014 et préparer celle de 2015, M. Khaldi, représentant du ministère de l'Intérieur, a annoncé la couleur en appelant à bien définir le sens même d'une saison estivale et le tourisme balnéaire soutenant que "la nuance était de taille". Il balayera, ainsi, d'un revers de la main, ces discours interminables et creux que les cadres du ministère du Tourisme ressassent à chaque occasion. "Arrêtons de nous voiler la face et prétendre que l'Algérie peut faire du tourisme dans l'état actuel des choses", et d'enchaîner en marge de la rencontre que "c'est le laisser-aller total et l'absence de contrôle". Allusion faite, sans nul doute, à toutes les aberrations commises sur les plages, et ce, depuis des années sans que personne, et encore moins les ministres du secteur, puissent y changer quoi que ce soit. Dans un franc-parler rarement relevé chez les officiels, le représentant du ministère de l'Intérieur n'y est pas allé de main morte pour accabler un secteur qui se débat depuis longtemps dans un marasme, estimant qu'"il est temps que certaines pratiques cessent". Les pouvoirs publics semblent ainsi décidés à mettre le holà aux irrégularités liées à l'attribution des concessions pour l'exploitation des plages à travers une série de mesures concrètes, dont la gratuité des parkings. Il annoncera, à ce propos, qu'"une rencontre de concertation entre les différents secteurs concernés aura lieu dans les prochains jours en vue d'adopter les dispositions adéquates". N'épargnant d'aucune manière un ministère trop souvent fermé sur lui-même, notamment avec l'équipe actuelle, M. Khaldi reconnaîtra que "les concessions ne sont pas toujours octroyées à des professionnels, mais plutôt à ceux qui ont de l'argent, dans la mesure où cela se fait par avis d'adjudication". À la question de savoir s'il faut carrément changer la loi, notre interlocuteur s'abstiendra de tout commentaire, mais en posant le problème autrement : "Comment est-il possible qu'un petit pays comme Malte arrive à enregistrer des résultats probants, alors qu'un pays comme l'Algérie, avec autant de potentialités, n'arrive même pas à satisfaire la demande locale." En réponse à cet état de fait, les cadres du tourisme opposent des chiffres qui ne riment absolument à rien tant qu'ils ne reflètent pas l'impact qu'ils peuvent avoir sur l'économie du pays. "100 millions d'estivants pour 2014", lancera le SG du ministère, sans décortiquer de telles statistiques en chiffres d'affaires, en volume de nuitées, ou encore en postes d'emploi. "Nous sommes toujours dans la facilité et le bricolage", s'élèvent des voix parmi les participants pour dénoncer une situation délicate. "Tant que l'aspect législatif n'est pas réglé et les vides juridiques pas comblés, ce n'est pas la peine d'aspirer à un quelconque avenir touristique pour ce pays." Les représentants de la Fédération des agences de voyages se sont également plaints, de leur côté, "de ne pas être associés dans les débats importants" et rappellent que "la loi sur les agences de voyages, censée être revue, croupit dans les tiroirs". En attendant, les agences de voyages du Sud et du Grand-Sud vivent une situation de désarroi sans susciter le moindre regard, alors que les représentants de l'Onat et ceux de l'ONT ne sont pas là pour rendre des comptes sur un quelconque résultat. Elles sont, pourtant, plus de 1 000 agences de voyages à s'acquitter de 1% de leur CA destiné à la promotion. N. S.