Quelque 93 agents de sécurité, qui observaient un sit-in hier devant le siège de leur direction en signe de protestation contre les affectations “arbitraires” ont été malmenés et tabassés. “Pendant que d'autres fuyaient le pays, nous bravions les terroristes sans contrepartie. Aujourd'hui, on veut se débarrasser de nous comme des lépreux”, lâche Mohamed d'un ton coléreux. Il fait partie des contestataires venus ce dimanche revendiquer leurs droits suite à la décision prise par l'entreprise de les affecter dans une boîte spécialisée dans le gardiennage et la sécurité, en l'occurrence 2SP, sous-traitant de Naftec. Pour rappel, un premier sit-in au niveau du grand building de verre à Hydra a eu lieu il y a un plus d'un mois, le 7 novembre dernier. Des promesses avaient été faites pour trouver une solution à quelque 200 agents. En effet, 66 agents, suivis quelque temps après de 35 autres ont pu être régularisés en recevant des affectations au niveau des unités de Sonatrach (IAP Boumerdès, Sidi R'zine, Oued Smar). En revanche, 93 agents se sont vus affectés de force chez 2SP, ce que ces derniers ont toujours refusé, motivant leur position par le fait qu'aucune garantie concernant leur situation professionnelle ne leur a été accordée. “On nous a fait savoir que ladite société où nous sommes affectés nous accorde un contrat qui ne saurait dépasser deux ans. Après cela, c'est l'incertitude totale”, disent-ils angoissés. Hier, ces travailleurs ont été empêchés par la force publique d'accéder au siège. Ceux qui ont tenté d'y pénétrer ont été malmenés et tabassés. Pourtant comme l'attestent leur badge, ils sont toujours inscrits dans les effectifs du siège. Pour eux, ils n'ont pas confiance en leur nouvelle affectation. “Nous sommes persuadés que c'est une compression déguisée à part que cette dernière ne sera suivie d'aucune indemnisation. Si une aussi importante entreprise comme Sonatrach ne peut nous prendre en charge, comment voulez-vous que 2SP puisse faire quelque chose pour nous ? Dans ce cas qu'on nous licencie ! On ira se plaindre à qui de droit”, se plaignent-ils. Le syndicat national de Sonatrach s'était, dans une correspondance adressée au P-DG, démarqué de cette décision. “Le partenaire social n'a pas été associé à cette décision. Cette dernière touche au fondement de l'organisation de l'entreprise et inaugure de nouvelles méthodes en matière de relations de travail. Au sujet du cas des agents de sécurité, le syndicat national préconise d'exploiter d'autres formes de traitement du dossier et estime que la solution peut être trouvée par le biais de la permanisation, un cas de droit au vu du nombre d'années d'exercice et du caractère permanent des tâches. Ces mêmes agents de sécurité ont assuré la protection des biens et des personnes pendant la période la plus pénible vécue dans l'environnement de Sonatrach”, précise M. Lamouri, président du syndicat national. Dans l'euphorie, des agents ont expliqué qu'ils portaient les armes sans que les indemnités prévues à cet effet leur soient versées. Ils ne comprennent pas cette forme de discrimination manifeste, faisant allusion aux 66+35 agents dont le dossier est réglé. Beaucoup de ces agents, des pères de famille, qui frôlent la quarantaine s'interrogent avec inquiétude sur leur devenir, sachant que 2SP ne leur garantit qu'un contrat de deux ans. À l'inspection du Travail, ces travailleurs ont été rassurés quant à la légitimité de leur revendication. Les responsables concernés de Sonatrach se sont, comme par enchantement, éclipsés, prétextant des réunions et des conférences. Nos appels durant toute la matinée sont restés infructueux. Ainsi après dix ans, du moins pour certains agents de service, avec tous les risques, la petite porte paraît la voie choisie par Sonatrach. Hier, l'ambiance était surchauffée. “Quittez les lieux, sinon on va prendre des mesures…”, leur dira-t-on. A. F.