Mme Hanoune dont le parti plaide pour l'exploitation de cette énergie non conventionnelle n'a pas précisé, cependant, le nombre de ces ministres, encore moins leur identité. L'exploitation du gaz de schiste, au cœur d'une grande polémique et contre lequel proteste, depuis plus de deux mois, la population, notamment à In-Salah, ne fait visiblement pas l'unanimité au sein du gouvernement Sellal. Malgré les déclarations rassurantes du Premier ministre, du ministre de l'Energie, Youcef Yousfi, et celles de la ministre de l'Environnement, l'exploration du gaz de schiste est une option rejetée par certains ministres de l'Exécutif, à en croire la secrétaire générale du Parti des travailleurs (PT), Mme Louisa Hanoune. "Il y a des ministres qui sont contre le gaz de schiste", a révélé, hier, Louisa Hanoune lors d'une conférence de presse consacrée essentiellement au projet de loi complétant et amendant le code pénal inhérent à la violence faite aux femmes. Mme Hanoune, dont le parti plaide pour l'exploitation de cette énergie non conventionnelle, n'a pas précisé, cependant, le nombre de ces ministres, encore moins leur identité. Il faut dire qu'elle avait fait cette révélation la veille déjà lors d'un passage sur une chaîne de télévision privée. Est-ce pour autant que cette divergence au sein de l'Exécutif peut expliquer son immobilisme, ou encore l'échec de toutes les tentatives initiées jusque-là pour la résolution de la crise à In-Salah ? Possible. En tout cas, Mme Hanoune a rappelé que le ministre de l'Energie, Youcef Yousfi, a "utilisé tous les moyens pour convaincre les contestataires". "Il leur a proposé de ramener des experts de l'étranger, d'envoyer certains à l'étranger, de venir discuter à Alger, etc.", a-t-elle rappelé. Sur la présence de l'armée à In-Salah, Louisa Hanoune estime qu'elle "intervient dans le cadre de ses missions". "La population a demandé la présence de l'armée et elle est intervenue dans le cadre de ses missions : c'est pour sécuriser les infrastructures, éviter les dérapages et maintenir la sécurité." "Tout ce qui peut aider à une issue à la crise est le bienvenu", soutient-elle. En revanche, elle s'est refusé à commenter le séjour de certains membres de la CNLTD, dont Djilali Soufiane, à In-Salah pour soutenir les contestataires. "Je n'ai pas à commenter l'activité de l'opposition", a-t-elle dit. À la question de savoir si les déclarations d'un expert américain, invité récemment, et celles de certains responsables américains qui proposent d'aider l'Algérie à exploiter le gaz de schiste, participaient d'une espèce de lobbying, Louisa Hanoune y décèle une "offre de service vers le gouvernement algérien". "C'est une recherche de contrats, c'est de bonne guerre. Mais les desseins ? Ça reste un point d'interrogation. En tout cas, c'est l'ambassade américaine qui les a invités, ce n'est pas le gouvernement." Les échanges entre elle et le secrétaire général du FLN, Amar Saâdani, traduisent-ils une "lutte de clans" ? interroge un confrère. "Ça a une relation avec l'oligarchie qui veut accaparer des centres de décision. Il n'y a pas de divergence entre moi et Saâdani. On a des divergences sur les programmes, certaines orientations. Mais cet homme s'est attaqué violement, sans raison et dépassant toutes les limites, à moi et au parti. C'est l'oligarchie qui l'a chargé de cette mission", a répondu Louisa Hanoune. "À sa sortie du meeting à Annaba (d'où il l'a descendue en flammes, ndlr), Amar Saâdani a appelé une personne au téléphone pour lui dire : ‘je lui ai donné le compte'", raconte-elle. "Nous savons qui est cette personne", a dit Mme Hanoune, sans révéler son identité, mais beaucoup soupçonnent le patron du FCE, Ali Haddad. Par ailleurs, Louisa Hanoune a qualifié de "cadeau en trompe l'œil", le projet de loi amendant et complétant le code pénal inhérent à la violence faite aux femmes. "Le PT (qui s'est abstenu lors du vote) ne pouvait pas cautionner une démarche vicieuse, une loi qui institutionnalise la violence." Selon elle, le "8 Mars a été vidé de sa substance". Arguments à l'appui, elle a démontré que le projet de loi adopté par l'Assemblée nationale est en contradiction avec la Constitution. "Le PT est pour la levée d'obstacles à travers la promulgation de lois civiles égalitaires. L'Algérie est une République démocratique et non une théocratie", a-t-elle conclu en stigmatisant les "obscurantistes et les réactionnaires" qui justifient l'oppression de la femme par la religion. K. K.