La mobilisation est sans précédent en Tunisie au lendemain du carnage, qui a fait 23 morts dont 20 touristes de nationalités diverses et 47 blessés au musée du Bardo. Le 20 Mars 1956, la Tunisie s'est débarrassée du colonialisme français. Près de 60 ans plus tard, elle se trouve confrontée à un phénomène qui lui était totalement étranger, le terrorisme. Sans encadrement politique, une manifestation spontanée a été organisée hier sur l'esplanade de l'avenue Bourguiba, devenue depuis la "révolution" de janvier 2011, le lieu privilégié de tous les politiciens, artistes ou autres... Cette manifestation a réuni plusieurs centaines de personnes venues crier leur "ras-le-bol" contre l'hydre terroriste. Le massacre du musée du Bardo, mercredi, a été le détonateur de cette manifestation, et les citoyens n'ont pas attendu les ordres des partis politiques pour y participer. Il n'y avait qu'une seule couleur, celle de la Tunisie. Aucun parti politique n'y a manifesté sa présence. Ils y seront lors d'une autre manifestation qui serait, éventuellement, organisée dans les jours qui viennent et à laquelle avait appelé le président de l'Assemblée des représentants du peuple, Mohamed Ennaceur. À propos de terrorisme, le ministre français de l'Intérieur a effectué, hier, une visite à Tunis. Au cours de l'audience que lui a accordée le président Béji Caïd Essebsi, il a renouvelé le soutien de son pays à la Tunisie, lui promettant l'aide nécessaire dans la lutte contre le terrorisme. Par ailleurs, la commémoration de la fête de l'indépendance a été marquée, cette année, par le discours prononcé par le président Béji Caïd Essebsi. Le chef de l'Etat affirme que le pays ne supporte plus les rancunes et estime que le moment est venu pour établir une réconciliation nationale sur la base de la justice. D'autant plus que la Tunisie d'aujourd'hui a besoin de la conjugaison des efforts de tous ses enfants dans le cadre d'une unité nationale solide pour faire face au terrorisme et pour lutter contre le sous-développement. Dans ce contexte, il a appelé à rétablir, dans leurs droits, les hommes d'affaires privés de voyages depuis quatre ans sans procès. Ces derniers, avec leurs collègues, sont appelés à fournir l'effort nécessaire pour reprendre l'investissement dans les secteurs productifs. Il y a lieu de rappeler que le chef du gouvernement avait pris part à une réunion extraordinaire conjointe du Conseil supérieur de l'armée (air, terre, mer) et de celui des forces de sécurité. Au cours de cette réunion présidée par le chef de l'Etat, Béji Caïd Essebsi, des décisions ont été prises dans le but de parfaire la lutte contre le terrorisme. Il sera procédé à une meilleure coordination entre l'armée et les forces de sécurité et à l'implication de l'armée dans la protection des grandes villes. Le projet prévoit, aussi, la restructuration du ministère de l'Intérieur, la révision du système de protection des frontières, l'augmentation du budget alloué aux ministères de la Défense nationale et de l'Intérieur dans la loi des finances additionnelle et une implication plus poussée du citoyen dans la lutte contre le terrorisme. Le chef du gouvernement tunisien, Habib Essid, a également annoncé qu'il a été procédé à l'arrestation de neuf individus dont quatre étaient en relation directe avec les terroristes. M. K.