Outre l'ouverture d'une enquête avec détermination des responsabilités et l'appel qu'il a lancé aux partis politiques pour mettre en place une véritable union nationale, le chef du gouvernement tunisien a annoncé, à l'issue d'une réunion de la cellule de coordination sécuritaire, qu'il a présidée vendredi soir, de mesures « douloureuses mais nécessaires » pour renforcer le dispositif de lutte contre le terrorisme. Parmi celles-ci, certaines sont d'ordre administratif. Comme la fermeture sous huitaine de quelque 80 mosquées construites sans autorisation et/ou contrôlées par des extrémistes, des sanctions qui peuvent aller jusqu'à la dissolution des partis et associations dont l'idéologie et les pratiques ne sont pas conformes à la Constitution, la reconsidération des ordonnances d'activité pour les associations et en particulier pour leurs sources de financement. Selon Essid, le décret-loi relatif aux associations sera révisé, notamment en ce qui concerne le financement. Celui-ci sera désormais soumis à un contrôle strict, « d'autant que certaines associations contribuent au financement du terrorisme », dit-il. D'autres sont d'ordre sécuritaire. Comme l'appel aux réservistes du service militaire pour renforcer les forces sécuritaires, la proclamation de certaines zones considérées comme sensibles et des monts Samama, El-Mghira, Ouergha et autres utilisés par les groupes terroristes, comme zones militaires fermées, l'intensification de la chasse aux groupes extrémistes et aux cellules terroristes dormantes, la maximalisation de la sécurité des zones touristiques et archéologiques avec des patrouilles armées à l'extérieur et intérieur des hôtels, l'octroi de primes pour toutes les informations « utiles » aux services de sécurité et l'organisation d'un colloque national sur la lutte contre le terrorisme d'ici à septembre. Selon Mohsen Marzouk, conseiller du président Béji Caïd Essebsi (et aussi secrétaire général de Nidaâ Tounès), une formation de milices citoyennes qui travailleraient avec le ministère de l'Intérieur est envisagée et le projet de loi relatif à la lutte contre le terrorisme et le blanchiment d'argent sera adopté avant la fête de la République, le 25 juillet prochain. « Même s'il faut travailler jour et nuit, si nécessaire, pour atteindre cet objectif », a déclaré Mohamed Ennaceur, président de l'Assemblée des représentants du peuple, exhortant le peuple tunisien à resserrer les rangs, à remettre à plus tard les revendications pressantes, personnelles et corporatistes et à éviter les querelles politiques. « La conjoncture actuelle exige la cohésion et la solidarité nationales qui représentent la meilleure arme pour vaincre le terrorisme », dit-il. Juste après ce carnage qui a porté, trois mois après l'attaque contre le musée du Bardo à Tunis (22 morts, dont 21 touristes), le coup de grâce au tourisme en Tunisie, le flot des départs des hôtels a commencé. Des milliers d'estivants étrangers sont rentrés chez eux. Certains par peur, d'autres sur « conseil » de leur agence de voyage ou de leur gouvernement. Depuis la nuit de vendredi à samedi, des bus ont été affrétés vers l'aéroport d'Enfidha, entre Tunis et Sousse. Treize vols étaient affichés au départ de l'aéroport. Le voyagiste Jetair a prévu de rapatrier 2.000 clients en Belgique. Le tour opérateur Thomson a annoncé, hier, l'envoi de dix avions pour rapatrier 2.500 touristes britanniques. Le gouvernement français a demandé aux tours opérateurs de « rapatrier tous les Français qui souhaiteraient être rapatriés », selon Fabius. Le tourisme est en berne au pays de la révolution du Jasmin.