Il est convenu à la fin des débats qu'une délégation, composée d'élus et des membres de la société civile, va se déplacer à Alger pour rencontrer le DG de l'Anesrif et trouver des solutions aux oppositions à ce projet. Le projet de doublement de la voie ferrée Bejaïa-Béni-Mansour sur une distance de 86 km a été présenté, récemment, à la salle de délibération de l'APW de Béjaïa. La présentation dudit projet a été faite par le chargé des études de l'Agence nationale des études et de suivi de réhabilitation des investissements ferroviaires (Anesrif) et en présence du directeur-adjoint de cette dernière. Une séance de présentation présidée par le wali et en présence du président de l'APW, de quelques maires et élus de l'APW et du collectif des associations de la vallée de la Soummam. Une séance de présentation, il faut le dire, qui s'est tenue dans une ambiance électrique car très tendue. Le président du collectif des associations a demandé avec instance à prendre la parole avant même la présentation du projet en question avant d'en être dissuadé par le député Khaled Tazaghart. Présentation du projet : le tracé est le deuxième du doublement de cette voie ferrée sur une distance de 86 km et le projet de réalisation d'une enveloppe budgétaire de 106 milliards de DA est confié pour l'entreprise Cosider pour un délai de réalisation de 60 mois. Avant sa présentation, le chargé des études de l'Anesrif, M. Aggoune, précise que son déplacement pour présenter ledit projet consiste à apporter des éclaircissements et lever toutes les équivoques. Allusion faite aux expropriations des terrains et des démolitions des habitations sur le tracé. Puis, il a donné les motivations qui ont conduit l'Anesrif à arrêter son choix sur le tracé. Entre autres motivations, l'augmentation de la vitesse, qui passera à 160 km/h pour l'autorail et son augmentation de transport de voyageurs. Idem pour le trafic ferroviaire de marchandises qui verra ses capacités augmenter. L'étude de ce deuxième tracé qui desservira les différentes villes de la vallée de la Soummam, précise-t-il, a tenu compte des contraintes de la topographie et de l'hydrographie. La ligne, tient-il aussi à souligner, sera clôturée et réalisée dans les normes en vigueur de l'Union internationale des chemins de fer (UICF) avec 9 gares et 4 haltes prévues dans le projet en sus de quelques ouvrages d'art. Mais la réalisation du projet appelle à des expropriations de terrains et des démolitions d'habitations et de certaines unités économiques de la région. Ce sont ces points "négatifs" du projet qui ont fait révolter la société civile de la vallée de la Soummam depuis des mois. 482 constructions et 25 unités économiques, chiffre-t-il, sont appelées à être "rayées" de la carte et des milliers d'hectares de terres à exproprier. Après cette présentation, le premier à intervenir est le représentant du collectif des associations de la vallée pour battre en brèche ces chiffres communiqués par l'intervenant de l'Anesrif. "Il y aura 32 unités économiques qui vont être délocalisées et plus de 1 000 constructions à démolir, dont trois écoles, et 7 cimetières à toucher. Nous sommes pour le projet mais contre ce tracé", a-t-il tenu à préciser avant de s'interroger sur les raisons techniques qui ont poussé l'Anesrif à changer de tracé et ne pas s'en tenir au premier tracé dont les études ont été faites par un bureau d'études espagnol. Autrement dit, il y a anguille sous roche. On susurre dans les couloirs que c'est un industriel puissant de la région qui a tout fait pour annuler le tracé initial de sorte à épargner son oliveraie. De son côté, le wali a invité Béjaïa à ne pas se singulariser et qu'il faut aller de l'avant. "Béjaïa a besoin d'être développée pour rattraper son retard en la matière. Le projet est octroyé par le Conseil des ministres à l'entreprise Cosider sur ordre du président de la République", déclare le wali avant la séance de la présentation du projet de sorte à anticiper sur le maintien des oppositions. Peine perdue puisque le mouvement associatif reste inflexible sur sa position. En fin de compte, il a été convenu de dégager une délégation, composée du mouvement associatif et de quelques élus locaux, pour voir le directeur général de l'Anesrif à Alger afin de débattre des problèmes que soulèvent les opposants au projet et trouver des solutions appropriées. L. O.