Une nouvelle fois, le projet de doublement de la voie ferrée Béjaïa-Ahnif est renvoyé aux calendes grecques. Long de 87 kilomètres, le tracé de cette ligne, qui a été déjà contesté et revu en 2010, fait l'objet d'un nouveau rejet par les associations des communes impliquées. Il a régné une ambiance électrique, hier, dans la salle de conférences de la wilaya, où les représentants de l'Agence nationale d'étude, de suivi et de la réalisation des investissements ferroviaires (Anesrif) et de l'entreprise réalisatrice, Cosider, se sont déplacés d'Alger pour présenter le nouveau tracé en présence du wali, du président de l'APW, de l'exécutif de wilaya, d'élus locaux et nationaux et de membres des associations contestataires. Catégoriques, ces dernières exigent avec fermeté «un troisième tracé ou l'exploitation du couloir de servitude de l'ancienne voie». «Nous ne sommes pas contre le développement, mais nous sommes opposés à l'atteinte aux biens des citoyens et au tissu industriel de la wilaya qui risque de subir un coup dur si l'actuel tracé est maintenu», a déclaré énergiquement Aït Braham Khoder, président de l'Association de défense des intérêts des citoyens et des opérateurs économiques. L'orateur, qui est patron d'une importante usine que le tracé traverse de plein fouet, s'inquiète : «Si mon usine ferme ou délocalise, ce sont 700 emplois de perdus et, par ricochet, 700 familles qui seront sans revenus. Et la liste de cas similaires est bien longue». Il fait part de 32 implantations économiques et 1600 constructions concernées par l'expropriation, en plus de sept cimetières, trois écoles et deux mosquées. Un chiffre en déphasage des statistiques officielles. Dans son exposé, en effet, le représentant de l'Anesrif ne parle que de 25 unités économiques et 482 constructions. Pour les associations, s'il y a autant de disparité, c'est que le bureau chargé de l'étude n'a pas été ou pas assez été sur le terrain. «Ce sont des études faites à l'aide de Google et non sur le terrain», lance Aït Braham Khoder. Le député Khaled Tazaghart a, pour sa part, plaidé pour «plus de communication entre administrateur et administré», tout en regrettant que ses cinq demandes d'audience, en tant qu'élu du peuple, auprès du ministre des Transports sur la question restent sans suite. Même son de cloche chez le président de l'association du quartier Bir El Slem, également concerné par le passage de la nouvelle voie ferrée, qui a dénoncé l'absence de débat et le rejet des demandes d'audience. D'autres membres d'associations et des présidents d'APC ont également présenté leurs préoccupations par rapport au passage de cette nouvelle voie de communication qui, sans conteste, contribuera au développement de la wilaya. L'ampleur de l'opposition a conduit le wali à proposer aux parties présentes de débattre davantage sur cet épineux dossier pour trouver une issue lors d'une réunion qui se tiendra la semaine prochaine au siège de l'Anesrif, à Alger.