Le candidat de l'opposition Muhammadu Buhari était en tête hier matin dans le décompte des voix de l'élection présidentielle au Nigeria, devant Goodluck Jonathan, mais le suspense reste entier, les résultats des fiefs du chef d'Etat sortant n'étant pas encore connus. Selon les premiers résultats officiels dans 18 des 36 Etats nigérians et dans la capitale fédérale, annoncés lundi soir par la Commission électorale indépendante (Inec), l'ancien général Buhari a remporté plus de 8,5 millions de voix, et devançait M. Jonathan d'environ deux millions de voix. M. Buhari est donné vainqueur dans dix Etats, le président Jonathan dans huit autres et dans la capitale fédérale. Mais les résultats de plusieurs Etats du sud du Nigeria très peuplés sont encore attendus, comme Lagos et Rivers, a priori favorables à Goodluck Jonathan, lui-même un chrétien du Sud. M. Buhari, un musulman du Nord, a marqué des points dans ses fiefs, devançant M. Jonathan de 1,7 million de voix dans l'Etat de Kano, le plus peuplé du nord, et de 650 000 voix dans celui de Kaduna. L'ancien général de 72 ans, qui fut à la tête d'une junte militaire dans les années 1980 et qui se présente pour la quatrième fois à la présidentielle depuis le retour du pays à la démocratie en 1999, améliore largement son score par rapport au dernier scrutin de 2011. Le parti au pouvoir, le PDP du président Jonathan "n'est pas perturbé par les résultats jusqu'à présent", a réagi son porte-parole Olisa Metuh. Les résultats dans les fiefs du PDP vont renverser la tendance et nous "donner au final une victoire claire et nette", a-t-il affirmé. Le décompte des résultats a été stoppé pour la nuit lundi soir, et devait reprendre hier matin à 10h00 (9h00 GMT). Pour cette présidentielle, la plus serrée de l'histoire du Nigeria, nombreux sont ceux qui redoutent des violences, comme en 2011 où des affrontements avaient fait un millier de morts après l'annonce de la victoire de M. Jonathan. L'Union africaine a appelé à recourir "aux moyens légaux existants au cas où il y aurait contestation des résultats" de ces élections, qui ont, selon elle, respecté "les principes continentaux des élections démocratiques". Washington et Londres ont en revanche fait part de leur inquiétude au sujet de "possibles interférences politiques" dans le décompte des voix au niveau régional, même s'il n'y a pas "eu pour le moment de manipulation systématique du processus électoral". R. I./Agences