"Déficit budgétaire et de la balance des paiements, risque d'inflation et de hausse du chômage ; 2015 mettra l'économie algérienne à rude épreuve", prévoit le cabinet d'études et de conseil ECOtechnics, dans un article publié sur son site dédié à l'analyse de la conjoncture de l'économie algérienne. Le cabinet reconnaît la difficulté "de dire comment la situation va évoluer au cours de 2015". Mais la grande question, selon lui, "est évidemment de quelle manière la fragilité budgétaire introduite par la baisse des cours pétroliers va influer sur la croissance hors hydrocarbures". Pour le cabinet, les effets ne seront pas négligeables car les dépenses budgétaires pourraient stagner ou ne connaître qu'une croissance assez faible. "Il est difficile toutefois de dire à quel terme ces effets négatifs vont se faire ressentir", affirme ECOtechnics. "Les réductions budgétaires toucheraient surtout les nouveaux projets (programme neuf) ou des opérations en capital. Ce type de restrictions pourrait ne pas beaucoup affecter l'activité économique (en terme de demande) dans l'immédiat, mais aura un effet différé d'autant plus important ultérieurement (à partir de 2016 par exemple)", prévoit le cabinet. "Les pressions sur le taux de change du dinar et donc le renchérissement des prix à l'importation, ainsi qu'un plus grand contrôle du commerce extérieur, s'il venait à se concrétiser, auront aussi pour effet une réorientation d'une partie de la demande auparavant satisfaite par les importations, vers la production locale. Ce sera donc autant de gagné pour la croissance", ajoute-t-il. Selon le cabinet, la croissance en 2015 pourrait ne pas trop souffrir de la conjoncture budgétaire défavorable. Les effets négatifs se reporteraient sur les exercices ultérieurs. En revanche, estime ECOtechnics, sur le plan de l'emploi, la situation pourrait en revanche s'aggraver. "Ces dernières années avaient, en effet, montré les difficultés à descendre en dessous d'un taux de chômage de 10% dans un contexte où le budget avait été fortement sollicité que ce soit pour le financement des dispositifs de création d'activité ou bien pour les dispositifs d'insertion, ou bien la croissance du nombre de fonctionnaires. Les entreprises, elles, étaient restées quelque peu à la traîne, faute d'une croissance insuffisante de leurs investissements et peut-être aussi d'une orientation capitalistique des investissements réalisés. L'aggravation du chômage semble d'autant plus plausible que le taux de croissance de la population active algérienne reste élevé avec 2,1% par an, en moyenne, ces cinq dernières années, soit 250 000 emplois nets à créer chaque année", analyse ECOtechnics. "L'année 2015 verra aussi, à coup sûr, un déficit élevé de la balance des paiements algérienne, probablement entre 15 et 20 milliards de dollars", prévoit le cabinet d'études et de conseil. "La situation pourrait être tendue aussi sur les prix quoiqu'il soit difficile de se prononcer à ce stade", estime-t-il. ECOtechnics indique qu'au cours de 2015, la Banque d'Algérie sera confrontée à plusieurs objectifs contradictoires. "Poursuivre la politique de crédit engagée pour dynamiser l'économie, mener une politique de taux de change qui puisse freiner les importations, limiter la perte de compétitivité de l'économie et enfin freiner la croissance de la masse monétaire pour prévenir l'inflation vont constituer ainsi autant d'objectifs difficiles à viser simultanément", soutient le cabinet, estimant que l'année 2015 sera sans doute difficile à gérer sur le plan macroéconomique. "Les différents signaux qui s'allument pourront-ils être le prélude aux réformes profondes qu'attendait l'économie algérienne ?" s'interroge-t-il. M. R.