La ministre de la Culture, Nadia Labidi, aura réussi à s'attirer les foudres du Parti des travailleurs, à deux reprises, en une semaine, quant à de graves accusations la concernant personnellement et que la justice devrait, en principe, prendre en charge au regard de la nature des faits qui lui sont reprochés. L'affaire remonte à la semaine dernière, lorsque Louisa Hanoune, la secrétaire générale du PT, dans un entretien accordé au quotidien Ennahar, a accusé la ministre de la Culture d'user de son statut de ministre pour fructifier son affaire personnelle. Cela s'appelle un conflit d'intérêts. Hier, à l'occasion de la présentation du projet de loi sur le livre, Djelloul Djoudi est revenu sur cette affaire, en présence de la ministre. Il s'est également livré à la presse, à l'issue de son intervention pour apporter des preuves accablantes contre la ministre de la Culture. Visiblement irritée par la sortie de Louisa Hanoune la semaine dernière, la ministre aurait adressé une missive officielle, à l'en-tête du ministère, à la secrétaire générale du PT. "Des personnes étrangères se sont présentées au domicile de Mme Hanoune pour lui remettre la lettre de la ministre. Mais comme elle a refusé de leur ouvrir la porte, ces personnes se sont dirigées au siège du parti pour remettre ladite lettre." Selon M. Djoudi, la lettre contenait de graves menaces contre une personnalité politique et députée. La ministre aurait exigé de Mme Hanoune de retirer ses déclarations faites au quotidien Ennahar, faute de quoi, elle serait traînée devant la justice. Djelloul Djoudi, qui fera remarquer que le Premier ministre n'était pas au courant de la lettre adressée par sa ministre de la Culture, apporte des preuves accablantes sur des graves dépassements que seule la justice pourra trancher. Il évoquera la boîte de communication, propriété de la ministre de la Culture, Procom International, actuellement gérée par son mari. Cette boîte aurait proposé un film le Patio dans le cadre de "Constantine, capitale de la culture arabe". La commission de sélection avait rejeté le film, justement à cause du conflit d'intérêts. Mais la ministre aurait utilisé son directeur de production, Sid-Ali Mazif, pour représenter le film et finir par décrocher un financement de 12 milliards, alors que le film, selon M. Djoudi, ne dépasserait pas les 6 milliards. De surcroît, la même boîte de communication vend son émission hebdomadaire, "Sahla mahla", chaque vendredi à l'ENTV. La ministre est accusée d'avoir octroyé, à titre gracieux, le TNA au profit de l'ambassade des USA pour un spectacle, tout en faisant remarquer que le fils de la ministre a bénéficié d'une bourse d'études aux USA. Pis encore, le chef de l'orchestre symphonique, Amine Kouider, qui est en même temps conseiller auprès de la ministre de la Culture, moyennant un salaire de 50 millions, sans compter les bourses et les multiples voyages, dont le dernier en Chine, est, lui aussi, accusé d'avoir touché, par des moyens détournés, une somme de 17 milliards. Pour Djelloul Djoudi, le Conseil interministériel avait rejeté de lui octroyer cette somme en contrepartie de sa participation à la manifestation constantinoise. Il accuse la ministre d'avoir organisé des spectacles à travers plusieurs villes du pays, pour payer cette ardoise à son conseiller. Enfin, le PT accuse la ministre de favoriser certaines associations, à l'instar de Nouba, dont elle est fondatrice et qui aurait bénéficié de 800 millions de centimes de subventions, sous le couvert de programmes d'ateliers. Pour Djelloul Djoudi, "il faut que la justice s'autosaisisse de cette affaire", avant d'affirmer que "nous ne pouvons nous taire devant de telles dérives". A.B.