L'investisseur bénéficiaire du terrain a fait valoir une étude affirmant l'absence de trace d'amiante sur le site, alors que le ministère de l'Environnement a émis un avis défavorable, lançant même un avis d'appel d'offres pour la réhabilitation dudit site. À Bordj Bou-Arréridj, un investisseur dans le domaine de la céramique vient de se faire octroyer un terrain par le wali sur l'ancien site d'amiante-ciment sans que l'endroit ait été réhabilité par une décontamination comme le prévoit la réglementation. Le comble est que l'heureux bénéficiaire a exhibé dans son dossier une étude affirmant qu'il n'y a aucune trace d'amiante sur le site. En revanche, les services internes du ministère de l'Aménagement du territoire ont émis un avis défavorable à l'étude d'impact vu qu'un avis d'appel d'offres est en cours pour la réhabilitation du même site. Passant outre, le futur fabricant de céramique saisit le Premier ministre et voit son dossier inscrit au menu du Conseil national d'investissement avec de fortes chances d'être agréé. Il semble, pour certains, que l'ancienne ministre du secteur n'aurait pas tout fait, malgré une multitude de textes, pour débouter le postulant. Pourtant, elle connaissait bien le dossier et les risques sur la santé publique puisque, avant d'être promue ministre, elle dirigeait depuis 2006 la direction générale de l'environnement. En effet, c'est à partir de cette date que le ministère lance les premiers avis d'appels d'offres pour la décontamination des sites amiante-ciment de Gué-de-Constantine, Meftah, Bordj Bou-Arréridj et Zahana (Mascara). Jusqu'en 2008, trois avis d'appels d'offres sont déclarés infructueux. En 2011, le ministère change l'objet de l'avis d'appel de "Décontamination" en "Etude pour la décontamination des sites amiante-ciment de Gué-de-Constantine, Meftah, Bordj Bou-Arréridj et Zahana." Mais c'est toujours l'échec pour tous les autres avis d'appels d'offres. Un cadre du ministère, proche de ce dossier, estime qu'une shortlist pour un domaine aussi spécialisé et un gré à gré s'imposent, mais aucun responsable ne voulait défendre cette option en haut lieu, malgré les dangers sur la santé humaine dus à la persistance de ces déchets dans la nature. L'opération menée avec succès par le ministère de l'Habitat dans le désamiantage de la salle Harcha aurait pourtant dû inspirer nos "Verts". L'usine de BBA, inaugurée en 1976, s'étend sur une superficie de 20 ha, dont 1,26 ha de bâti. Elle produisait 50 000 tonnes/an pendant 30 ans (fermée en 2007) avec 15% d'amiante comme matière première. À côté de 40 000 tonnes de déchets stockés sur place et qui contiennent entre 8 et 15% d'amiante. "Il y a des milliers de tonnes d'amiante enfouis et jetés dans la nature, en dehors de l'unité. Il n'y a même pas une cartographie précise pour les tonnes d'amiante enterrées", déclarent d'anciens ouvriers de l'usine. Les riverains du site et les victimes de l'amiante, qui réclament et attendent une dépollution qui ne vient pas, se sont constitués en association. Pour eux, les 20 hectares de l'usine sont pollués en profondeur, jusqu'à vingt mètres sous terre. Sur les 350 ouvriers qui travaillaient dans cette usine, 20 sont morts d'un cancer et une grande partie des employés lutte contre cette maladie ou des complications pulmonaires. Enfin, il faut savoir que la fibre d'amiante peut voyager sur un rayon de 30 à 40 km. Question : que fera le nouveau ministre en charge de l'Environnement. Attendons pour voir... N.D.