Des milliers de civils, libyens et étrangers, sont pris en otage, depuis des mois, par les violences opposant les milices aux forces armées régulières, dans la ville de Benghazi, a averti, hier, l'ONG Human Rights Watch sur son site. "Des familles libyennes et des civils étrangers sont pris au piège dans le centre-ville de Benghazi, qui est le théâtre de violents combats, notamment les quartiers d'El-Blad, de Sidi Khreibish et d'El-Sabri", a indiqué HRW, lors d'une rencontre avec la presse à Beyrouth, au Liban. Reprenant les témoignages des civils qui ont pu fuir la ville ces derniers jours, cette ONG a précisé que "les militants, qui contrôlent ces zones, n'autorisaient pas les civils à partir. Les conditions de vie y devenaient de plus en plus précaires en raison de la pénurie de nourriture, de l'impossibilité de recevoir des soins médicaux, ainsi que de coupures d'électricité dans la plupart de ces zones". Le rapport dressé par les membres de cette organisation non gouvernementale met en cause tous les acteurs présents à Benghazi, aussi bien les milices que les troupes de l'armée libyenne qui s'accusent mutuellement d'empêcher les civils de fuir et le Croissant-Rouge libyen de leur prêter assistance. Dans sa déclaration à la presse, la directrice de la division Moyen-Orient et Afrique du Nord de HRW, Sarah Leah Whitson, a affirmé que "l'armée libyenne et les milices présentes à Benghazi devraient impérativement permettre aux civils de quitter les lieux en toute sécurité et faciliter l'accès à l'acheminement crucial d'aide humanitaire aux personnes restées à l'intérieur". Mais les violences en cours compromettent toute opération d'évacuation des dizaines de familles qui n'ont pas pu fuir à temps les combats. "Alors que les affrontements s'intensifient à Benghazi, toutes les forces en présence devraient prendre toutes les précautions possibles pour minimiser les dommages subis par les civils et la destruction de leurs biens", a ajouté Sarah Leah Whitson, avertissant que "chaque jour qui passe aggrave les conditions de vie et les dangers pour les civils qui demeurent pris au piège dans les quartiers de Benghazi affectés par les combats". Benghazi n'est pas la seule ville libyenne à être affectée par ces violences. Presque toutes les grandes villes libyennes vivent une situation de guerre, entre milices interposées ou avec l'armée qui a lancé plusieurs offensives sous la direction du général Khalifa Haftar. Cet ancien bras droit du défunt guide libyen, Mouammar Kadhafi, lance, depuis mai dernier, une vaste offensive à Benghazi, sous l'appellation d'"opération al-Karama" (la dignité), avant de l'étendre à d'autres villes côtières, dont la capitale Tripoli, actuellement sous le contrôle de la coalition de milices Fajr Libya. Parallèlement à ces combats, l'ONU tente de réunir toutes les factions armées, les forces politiques et les tribus libyennes autour du dialogue interlibyen, lancé au début de l'année 2015. Outre le processus de discussion entre les partis politiques libyens à Alger, un autre processus se déroule au Maroc et réunit les deux Parlements libyens parallèles. Une autre initiative regroupant les chefs de tribus libyennes a été lancée lundi au Caire, mais elle connaît déjà quelques difficultés. Les chefs de tribu de l'ouest et du sud de la Libye refusent de se rendre au Caire, estimant que cette réunion doit se dérouler à l'intérieur même du territoire libyen. Ce que les conditions sécuritaires ne permettent pas actuellement. L. M.