L'ONG des droits de l'homme, Human Rights Watch (HRW), accuse des milices libyennes d'avoir mené des attaques assimilables «à des crimes de guerre» contre des civils durant cinq semaines de combats à Tripoli. De la mi-juillet à la fin août, des combats ont opposé des milices rivales pour le contrôle de la capitale libyenne, notamment de l'aéroport international. Ces accusations ciblent surtout la galaxie islamiste éclatée en plusieurs milices, notamment Fajr Libya, une alliance hétéroclite de miliciens, conduite par des groupes armés de la ville de Misrata (à l'est de Tripoli). Celle-ci a réussi à prendre le contrôle de Tripoli après en avoir chassé des milices rivales de Zenten (à l'ouest de Tripoli) et leurs alliés au prix d'affrontements sanglants qui ont fait des centaines de morts et des dégâts matériels considérables. HRW souligne que les milices «ont mené des attaques contre des civils et des biens à caractère civil, qui, dans certains cas, pourraient constituer des crimes de guerre», dans un communiqué. L'organisation estime en outre que les milices ont arrêté des civils et ont pillé, incendié ou détruit des propriétés privées. «Les commandants (des milices) des deux côtés doivent contenir leurs forces et mettre fin au cycle des abus sous peine d'être en première ligne pour d'éventuelles sanctions et des poursuites internationales», a déclaré, dans le communiqué, Sarah Leah Whitson, directrice pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord. «Toutes les parties en conflit, ainsi que le gouvernement libyen doivent respecter leur obligation de protéger les civils (...) et tenir leurs forces responsables des crimes qu'ils commettent», a-t-elle ajouté. HRW accuse notamment les milices de «tirs sans discernement», ayant fait des victimes parmi les civils. Après avoir pris le dessus à Tripoli, les milices de Fajr Libya «ont commis d'autres violations, contre des journalistes, des responsables gouvernementaux et des civils ordinaires soupçonnés de soutenir ou de sympathiser avec leurs rivaux», a ajouté HRW. Fajr Libya au box des accusés L'ONG des droits de l'homme accuse par ailleurs Fajr Libya d'avoir attaqué la télévision privée Al Aseema, suspendant sa diffusion, et d'avoir incendié la maison du directeur de la chaîne qui avait affiché son hostilité à l'opération contre les Zentanis. Trois employés de la chaîne, enlevés par les milices, sont toujours portés disparus, selon HRW. De son côté, l'ONU a estimé la semaine dernière à 100 000 le nombre de Libyens déplacés par les combats et 150 000 personnes qui ont quitté le pays, dont de nombreux travailleurs étrangers, entre la mi-mai et fin août. Depuis la chute du dirigeant Mouammar El Gueddafi en octobre 2011, le pays est sous la coupe des milices, les autorités étant incapables de les contrôler. Sur un autre plan, le juge américain chargé de l'affaire contre Abou Khattala, accusé d'être l'un des artisans de l'attaque meurtrière de Benghazi en Libye en 2012, a accédé hier à la demande du gouvernement de retarder à nouveau la procédure contre le Libyen. Dans un bref jugement, la veille de l'audience, le juge Christopher Cooper a accepté de priver temporairement Abou Khattala de son droit à un «procès rapide» en raison de la complexité de l'affaire, repoussant l'audience prévue mardi au 20 octobre. Abou Khattala encourt la prison à vie. Il a plaidé non-coupable le 28 juin de «conspiration en vue d'apporter un soutien matériel à des terroristes» lors de l'attentat du 11 septembre 2012 contre le consulat américain de Benghazi, qui avait fait quatre morts, dont l'ambassadeur américain en Libye, Christopher Stevens.