“Connaître les Berbères, un enjeu d'égalité et de cohésion sociale dans une France plurielle”, tel était le thème des premières assises nationales des Berbères de France organisées les 18 et 19 décembre près de Paris Ont pris part à ce rendez-vous berbère environ 2 000 délégués et invités, responsables associatifs et politiques. Presque toute la classe politique française était représentée. Il y en avait de toutes les couleurs : socialistes, Verts, UMP, UDF. Ce dernier a été représenté par son président François Bayrou en personne. Ces assises ont permis de débattre et d'adopter une charte des valeurs des Berbères de France, valeurs “éminemment laïques et inscrites dans les principes des droits de l'homme”, lit-on dans le document rendu public. Sur ce chapitre, pour mener une large réflexion autour de la charte des valeurs des Berbères, les débats on tété organisés en trois ateliers, à savoir : “diversité culturelle dans la République, le cas des Berbères”, “laïcité, religion et culture berbère”, “les Berbères de France, une démarche de réapropriation de leur identité et de leur mémoire comme rempart au repli sur soi et au communautarisme”. Cela a également permis d'arrêter un certain nombre de revendications sur les questions et les enjeux de la société tels que la laïcité, les discriminations, l'égalité des sexes, la diversité culturelle et la cohésion sociale et nationale. L'objectif principal de la Coordination des Berbères de France (CBF), selon ses animateurs, est de “construire les Franco-Berbères en tant que citoyens français impliqués dans la vie publique et le renforcement du lien social. Cette action est menée dans le cadre de la réappropriation et la réinterprétation des valeurs de la civilisation berbère au profit d'une intégration républicaine harmonieuse”. Ces premières assises nationales des Berbères de France constituent pour bon nombre d'observateurs “un événement citoyen et politique majeur qui met en valeur, pour la première fois, le dynamisme, la diversité et l'apport des deux millions de Berbères présents dans l'hexagone”. Pour les berbères de France, ce rendez-vous est “l'acte fondateur de la mise en mouvement des Franco-Berbères pour une implication sociale, citoyenne et politique”. Se basant sur le fait que les Berbères constituent une des communautés d'origine étrangère les plus importantes et les plus anciennes de France, les Berbères de France souhaitent donc que “la société française les considère comme des citoyens à part entière”. Les Franco-Berbères refusent qu'on les appelle “les beurs”, appellation à leurs yeux insensée, qui n'a aucune valeur identitaire, sociale et culturelle. à partir d'un questionnement identitaire et culturel, la CBF veut s'impliquer dans “un travail de “conscientisation” des berbères pour un engagement citoyen élargi”. Des projets ambitieux sont consignés sous forme de plate-forme de revendications issue de ces premières assises. Il s'agit de “l'attribution d'une fréquence radio pour les Berbères, la prise en charge de l'enseignement de la langue berbère par l'éducation nationale, et notamment la mise en place en urgence de cours préparatoires pour l'épreuve du berbère au baccalauréat, l'évocation du fait berbère dans les manuels d'histoire des programmes de collège et de lycée, la création d'espaces culturels franco-berbères de proximité dans les grandes villes où réside une importante population franco-berbère, visant à promouvoir la culture de l'éducation interculturelle à la paix, la citoyenneté et la tolérance, la création d'une maison berbère à Paris qui sera un espace de prestige et de reconnaissance pour les franco-berbères, la création d'un département de civilisation berbère dans les universités, favoriser l'accès pour les artistes et hommes de culture franco-berbère sur les chaînes de télévision française”. à rappeler que la Coordination des Berbères de France (CBF), à sa tête M. Mustapha Saâdi, directeur de Berbère Télévision et aussi président de l'Association des juristes berbères de France, regroupe un réseau d'une cinquantaine d'associations franco-berbères sur le territoire français. Depuis son lancement en 2002, elle a organisé environ une trentaine de rencontres-débats à travers la France. Les Berbères de France ont pu donc réussir leur pari, celui de fonder leur propre organisation officielle. Ils viennent d'arracher à juste titre une première reconnaissance politique. C'est ce qu'il faudrait retenir à la lecture de ces premières assises. Ils constituent, désormais, une force incontournable dans les relations avec les institutions de l'état pour une intégration harmonieuse et une meilleure implication citoyenne tout court. M. S. B.