Apulée de Madaure s'est invité chez lui pendant trois jours, dans un colloque initié par le HCA, dans le but de faire découvrir aux Algériens d'autres Algériens qui ont contribué à la civilisation humaine par leurs idées, leur génie et leur savoir-faire. Lors du premier jour du colloque international, "Regards croisés sur Apulée", la salle de conférences Tahri-Miloud du siège de la wilaya de Souk Ahras était pleine comme un œuf, pas d'un public mais de publics. Universitaires, chercheurs, cadres, simples citoyens, écoliers, les présents sont venus des quatre coins du pays et de l'étranger (France, états-Unis, Maroc, Tunisie) pour assister à une double occasion : le Haut commissariat à l'amazighité (HCA) fête son vingtième anniversaire d'existence, et aussi pour rendre un vibrant hommage (le premier) à un enfant de l'Algérie millénaire, qualifié, tour à tour, de génie, précurseur, philosophe, auteur controversé, mais aussi et surtout l'auteur d'une œuvre mondialement connue, L'âne d'or ou les métamorphoses, considéré par beaucoup de spécialistes et historiens comme le premier roman de l'histoire humaine. Apulée de Madaure s'est invité chez lui pendant trois jours, dans un colloque initié par le HCA, dans le but de faire découvrir aux Algériens d'autres Algériens qui ont contribué à la civilisation humaine par leurs idées, leur génie et leur savoir-faire. Dans son allocution d'ouverture, le secrétaire général du HCA, Si El-Hachemi Assad, a déclaré qu'"il est impératif que notre pays se réconcilie avec son histoire millénaire, il est de notre devoir de dépasser les idées préconçues et préfabriquées". M. Assad a conclu son intervention en rappelant que la construction de l'Algérie se fait avec sa part d'universalité, "une construction identitaire contre l'amnésie et contre toute étroitesse". Et de rappeler que dans la même région (Souk Ahras, M'daourouch) la langue et la culture amazighes ne sont ni intruses ni étrangères. "Il faut juste leur rendre leur place", a-t-il souligné. Présent au premier jour du colloque pour en donner le coup d'envoi, le ministre de la Culture Azzeddine Mihoubi a estimé, pour sa part, que "sous d'autres cieux Apulée est comparé à Socrate ou encore à Galilée, nous devons faire mieux, en suggérant un buste et pourquoi pas un film consacré au génie fils de l'Algérie, Apulée. Assumer notre histoire est un devoir, notre malheur est double, nous fabriquons l'histoire, mais nous ne l'écrivons pas. Nous avons beaucoup d'histoire et peu de mémoire, il faut que ça cesse". La séance inaugurale a été marquée par les interventions des journalistes et auteurs Mamar Ferrah et Arezki Metref – qui ont lancé l'idée du colloque en le proposant au HCA. M. Metref a présenté aux présents un travail original où il dresse un portrait d'Apulée tout en rappelant avec philosophie que sa démarche ressemble un peu à celle qui est courante de nos jours, le selfie, où il s'agit d'une prise de photo de soi, commentée par les autres. Le conférencier a évoqué quelques traits du fils de Madaure, qui se revendiquait d'appartenance numide et gétule, et rappelé un peu son caractère soigné, ambitieux, grand lecteur. Aït Aïssi Hachemi, archéologue, a insisté, pour sa part, sur l'environnement socioculturel du bassin méditerranéen dans l'Antiquité. Quant à Dahmani Saïd, professeur à l'université de Annaba, il s'est intéressé à l'histoire de l'Algérie avant le 1er siècle avant J.-C., relevant que cette période n'a pas encore livré tous ses secrets, notamment quand il s'agit des populations amazighes, de leurs origines, de leur évolution sociale, politique et culturelle. Et de conclure que "la civilisation numido-amazighe est un fait historique, résultant de l'évolution de l'homme depuis les périodes les plus reculées". Les organisateurs ont, en outre, prévu un cours modèle en tamazight (variante chaouie) à l'école primaire Mohamed-Seddik-Ben-Yahia. En effet, aussi bien les élèves, leur sémillant enseignant Jamel Ounissi venu de l'autre bout des Aurès, que les responsables locaux dont le maire de la commune de M'daourouch ou encore Si El-Hachemi Assad étaient partagés entre satisfaction et émotion. Les écoliers, qui n'ont jamais utilisé la langue maternelle (la leur) qu'avec leurs parents ou amis, vivaient sans se rendre compte un moment de retour à soi unique. Après un cours où ils ont montré qu'ils sont les dignes descendants d'Apulée, les enfants ont eu droit à une détente avec un atelier de dessin où ils ont pu rencontrer des spécialistes en la matière. à la clôture des deux premières journées, le premier responsable du HCA nous a signalé que "ce colloque est utile, susceptible de repositionner le débat sur la nécessité d'une réappropriation totale de notre histoire et patrimoine en assumant avec fierté toutes ses périodes en glorifiant la référentielle civilisation amazighe. Il est temps de perpétuer la pensée et l'apport de nos figures illustres aux générations futures. Apulée en est un exemple". R.H.