Elles sont sur la liste des banques à privatiser depuis plusieurs mois. Mais les modalités ne sont pas encore définies avec précision : cession totale ou ouverture du capital, appel d'offres ou gré à gré. Le ministre des finances, Abdellatif Benachenhou, avait récemment annoncé depuis Paris l'ouverture du capital de trois banques publiques. La décision n'a pas été prise, mais le dossier a fait l'objet, comme l'a révélé déjà Le Quotidien d'Oran, d'un conseil interministériel. Intervenant au cours d'un séminaire organisé par Ubi-France, l'agence française pour le développement international des entreprises, le ministre des finances a la ferme conviction que “face à un marché extrêmement dynamique, les banques publiques n'ont pas encore tous les métiers et toute l'expertise pour aller de l'avant”. Le constat du grand argentier du pays est que “le marché a un caractère monopolistique dominé à 90% par les banques publiques”. Face à un secteur privé dont la présence et le niveau d'activité, de l'avis du ministre des finances, demeurent modestes et donc non encore capables d'introduire la concurrence dans le marché bancaire, la privatisation de banques publiques en partenariat avec les étrangers, explique Benachenhou dans son avant-projet, “permettra l'émergence d'institutions financières gérées selon les normes et pratiques internationales de nature à créer un effet d'émulation et d'entraînement sur les autres institutions en vue de mettre à niveau leur gestion”. Plusieurs questions restent tout de même posées et semblent n'être pas encore tranchées. Le document examiné au Conseil interministériel n'a pas défini ni les formes de privatisation (ouverture du capital, privatisation totale ou partielle), ni les modalités de privatisation (gré à gré, appel d'offres, consultation restreinte…), ni d'ailleurs le calendrier des privatisations qui, normalement, relève des prérogatives du Conseil des participations de l'Etat. Le ministre des finances semble vouloir écarter l'appel d'offres. L'annonce par le ministre des finances à l'ouverture du capital de trois banques publiques de France peut être lue comme une invitation aux banques françaises de souscrire au processus. Ou peut-être une manière de “demander” au gouvernement d'aller vite dans la privatisation des banques d'autant que certaines actions rapportées dans le document devaient être réalisées au courant de l'année 2004. De ce point de vue, un glissement dans la programmation a été constaté. Les banques proposées à la privatisation ou à l'ouverture du capital sont le CPA, la BDL et la BNA. Le CPA, explique-t-on, a déjà fait l'objet d'une évaluation par un cabinet-conseil étranger dans la perspective d'ouverture du capital à un partenaire stratégique étranger. C'est une banque assainie financièrement activant dans les secteurs de la petite et moyenne entreprise au profit essentiellement d'une clientèle privée. La Société Générale y était très intéressée. Le processus a échoué sans que personne donne une explication. La BDL, lit-on dans le document, dispose des caractéristiques qui facilitent sa privatisation. Ses atouts : un réseau important réparti à travers tout le territoire national, elle est spécialisée dans le secteur de la PME et les particuliers (crédits hypothécaires en nette croissance), elle a fait l'objet d'un assainissement de son portefeuille et d'un renforcement de ses fonds propres. La BNA se distingue par rapport au CPA et à la BDL par la présence dans son portefeuille de grandes entreprises publiques financièrement déstructurées (SNVI, les entreprises de textiles, l'ENMTP, le CCE…). La privatisation ou l'ouverture du capital de cette banque nécessite, selon les promoteurs du projet, l'évacuation de ces entreprises du bilan de la banque. Dans ce cadre, la Banque algérienne de développement pourrait devenir “une banque hôpital” à l'intérieur de laquelle seront traités les mauvais clients des banques. La Badr pourrait devenir le créancier unique de toutes les mauvaises entreprises et pourrait même avoir mandat de rentabiliser et de privatiser lesdites entreprises. M. Benachenhou exclut la privatisation ou l'ouverture du capital de la Badr, de la Cnep et de la BEA ; ces banques sont assimilées aux instruments d'appui de la politique sectorielle de l'Etat (habitat, agriculture et énergie). M. Benachenhou n'exclut pas, tout de même, la nécessité d'une mise à niveau de ces banques à travers soit l'assistance technique renforcée, le jumelage ou bien carrément la privatisation de la gestion. M. R.