La fédération du secteur se demande où est l'autonomie des banques quand le ministre des finances interdit que la Cnep accorde désormais des crédits pour l'acquisition de véhicules. “Nous n'accepterons pas de coup de force”, avertit la fédération des travailleurs du secteur des finances au sujet de la privatisation des banques. Réuni hier au siège de la fédération pour préparer la réunion du secrétariat général prévue aujourd'hui, le secrétaire général, M. Zouaoui, précise que la fédération qu'il dirige n'est pas contre “le principe des privatisations” pour peu qu'elles “garantissent l'emploi, le maintien et l'amélioration des acquis des travailleurs et, enfin, l'amélioration de la gestion de l'institution”. Le secrétaire général de la fédération des travailleurs du secteur des finances semble vouloir engager un bras de force avec Abdellatif Benachenhou. La fédération des travailleurs du secteur des finances soupçonne le ministre des finances de la tenir à l'écart des réformes envisagées dans le secteur. “C'est du mépris. C'est le seul ministre qui ne travaille pas avec le partenaire social”, regrette M. Zouaoui qui affirme que “rien ne sera entrepris sans l'aval du partenaire social”. Pour rappel, le ministre des finances, Abdellatif Benachenhou avait récemment annoncé de Paris l'ouverture du capital de trois banques publiques. La décision n'a pas été prise, mais le dossier a fait l'objet d'un conseil interministériel. Face à un secteur privé dont la présence et le niveau d'activité, de l'avis du ministre des finances, demeurent modestes, et donc non encore capables d'introduire la concurrence dans le marché bancaire, la privatisation de banques publiques par des partenaires étrangers, explique M. Benachenhou dans son avant-projet, “permettra l'émergence d'institutions financières gérées selon les normes et les pratiques internationales, de nature à créer un effet d'émulation et d'entraînement sur les autres institutions en vue de mettre à niveau leur gestion”. Le document examiné au Conseil interministériel n'a défini ni les formes de privatisation (ouverture du capital, privatisation totale ou partielle), ni les modalités de privatisation (gré à gré, appel d'offres, consultation restreinte…), ni d'ailleurs le calendrier des privatisations qui, normalement, relève des prérogatives du Conseil des participations de l'état. Les banques proposées à la privatisation ou à l'ouverture du capital sont le CPA, la BDL et la BNA. M. Benachenhou exclut la privatisation ou l'ouverture du capital de la Badr, de la Cnep et de la BEA, ces banques sont assimilées aux instruments d'appui de la politique sectorielle de l'état (habitat, agriculture et énergie). Chacune des banques opère dans un secteur stratégique particulier. Le secrétaire général de la fédération des travailleurs du secteur des finances ajoute qu'il a sollicité à maintes reprises le ministère des Finances pour obtenir un document qui évoque la réforme du secteur, en vain. M. Zouaoui, qui dit être disposé au dialogue, “regrette les déclarations du ministre des finances”, et “dénonce même les méthodes utilisées”. M. Zouaoui affirme que la Cnep Banque a suspendu le crédit véhicule sur injonction du ministre des finances. “De quel droit le fait-il ? Où est l'autonomie des entreprises”, s'interroge le secrétaire général de la Fédération des travailleurs du secteur des finances, en lançant un défi à M. Benachenhou pour un débat public. M. R.