Privatisation des banques ne rime pas avec réforme bancaire. Elle n'en constitue qu'un fragment. Le cœur de la réforme réside plutôt dans une amélioration du management bancaire. Le document présenté par le grand argentier du pays au cours d'un récent Conseil interministériel révèle l'absence de transparence dans laquelle se déroulent les opérations de transfert de propriété. Alors que la liste des banques à privatiser était connue dès juin, l'intention a été rendue publique en décembre à partir de la capitale française. L'opacité qui avait entouré l'opération d'ouverture du capital du CPA, sans résultat jusqu'à présent, se perpétue avec le nouveau programme de privatisation des banques, d'ores et déjà inscrit sous le sceau du confidentiel. Dans un pays où la tentation de prédation est omniprésente, la privatisation des banques version Benachenhou n'exclut paradoxalement ni le gré à gré ni la cession totale de l'établissement à des repreneurs, en l'absence d'instruments de contrôle indépendants de l'action publique. Pour que ce projet au stade d'esquisse devienne crédible, les garde-fous restent au demeurant à inventer afin que les opérations s'effectuent au bénéfice de professionnels, d'une modernisation de la place et d'une plus grande efficacité dans l'intermédiation au profit, enfin, d'une nouvelle dynamique en matière d'investissements et de création d'emplois. En effet, le risque existe que les repreneurs ne voient dans nos banques que des coquilles vides, des biens immobiliers dont l'intérêt ne réside que dans leur emplacement au cœur des villes ou à proximité de tissus industriels importants. En tout état de cause, privatisation des banques ne rime pas avec réforme bancaire. Elle n'en constitue qu'un fragment. Le cœur de la réforme, outre la mise en place du système de paiement de masse, réside plutôt dans une amélioration du management bancaire, une révision de la constitution des conseils d'administration avec un élargissement à des membres crédibles du secteur privé, des investissements dans la formation et le recyclage du personnel, la sanction des performances des dirigeants des banques… Là réside la principale difficulté. Car les patrons des banques publiques ont été habitués à recevoir des ordres non écrits, à transgresser les règles universelles de gestion bancaire. Dans une logique étrangère aux lois économiques, le sérail a finalement perverti le système bancaire. La question est de savoir aujourd'hui si nos gouvernants ont décidé d'opérer leur mue et de transformer véritablement nos banques en moteurs de l'expansion économique de l'Algérie. K. R.