L'hommage devant être rendu à Rachid Boudjedra, à l'occasion de la 8e édition du Festival international d'Oran du film arabe (Fiofa), et qui devait marquer les "50 ans d'écriture" de l'auteur de La Répudiation a pris une toute autre dimension à la suite de ses derniers propos tenus dans une émission de télévision privée. Pour l'écrivain, cet athéisme, au demeurant connu, a pris une autre tournure vu l'impact suscité par la chaîne de télévision, provoquant, du coup, des réactions en chaîne et multiples sur les réseaux sociaux. Toute la question était de savoir si dans cette polémique naissante, les organisateurs iraient au bout de leur programme en maintenant l'hommage. Hier, finalement, cet hommage a bien eu lieu, mais en fin d'après-midi, dans un hôtel — alors qu'il était prévu initialement au Théâtre régional d'Oran en plein centre-ville — et surtout sans la présence d'officiels pourtant annoncés dès le départ. Après les interventions d'artistes arabes évoquant, devant Rachid Boudjedra, son œuvre littéraire et sa portée, c'est l'écrivain lui-même qui prendra la parole pour faire part de son émotion. Se rappelant le petit enfant sensible ou écorché qu'il était, Rachid Boudjedra dira que c'est bien là, la première fois, qu'il est honoré dans son propre pays, non sans rappeler au passage que bien des honneurs et hommages lui ont été rendus à l'étranger. Et dans la foulée, faisant sourire l'assistance réduite venue l'écouter, Rachid Boudjedra dira en évoquant les écrivains algériens décédés comme Tahar Djaout "rahimahou Allah", ce qui fera dire encore à un intervenant que Boudjedra invoque bien Dieu. Le commissaire du festival, Brahim Seddiki, et ami de l'écrivain, estimera, comme pour excuser Rachid Boudjedra, que ce dernier "est connu pour ses déclarations polémiques". Une façon d'expliquer encore que cela ferait partie du personnage. D. L.