L'Algérie dispose d'énormes atouts énergétiques renouvelables (solaire, éolien, géothermique, etc.), mais n'arrive toujours pas à concevoir une voie alternative en matière d'énergie. "Pour moi, les énergies renouvelables ne sont pas une priorité. La priorité, aujourd'hui, est de satisfaire le consommateur, car l'Algérien a besoin d'avoir son électricité, qu'importe l'origine." Cette déclaration vient de la bouche du PDG de Sonelgaz, Nouredine Bouterfa, dont l'entreprise est censée piloter le programme national des énergies renouvelables. De nombreux observateurs trouvent paradoxal que l'entreprise en charge de la conduite du programme fasse preuve d'un manque d'implication. Pourtant, les pouvoirs publics ont mis au point un ambitieux programme dans le renouvelable. Le programme national de développement des énergies renouvelables basé essentiellement sur l'énergie solaire vise à produire 22 000 mégawatts à l'horizon 2030, ce qui permettra d'augmenter la part d'électricité générée à partir des différents types d'énergies renouvelables à plus de 27% de la production nationale de cette énergie. Le secteur aspire à produire 400 mégawatts d'électricité à base de l'énergie solaire à la fin 2015, avant d'atteindre progressivement 5000 mégawatts en 2020 et 17 000 mégawatts en 2030. Par ailleurs, l'exécution de ce programme sera accompagnée par des incitations fiscales et un plan de rationalisation de la consommation d'énergie. Mieux encore, dès son installation, le nouveau ministre de l'énergie, Salah Khebri, a mis la barre plus haut en fixant comme objectif d'atteindre 37% d'électricité produite à partir de sources renouvelables à l'horizon 2030, soit dix points de plus que ce que prévoyait son prédécesseur Youcef Yousfi. Ceci représente une économie de près de 300 milliards de m3 de gaz sur une décennie, quantité qui pourrait être orientée vers l'exportation. à l'horizon 2030, le programme d'efficacité énergétique permettra un gain financier de 42 milliards de dollars, avec notamment l'objectif de réduire de 9% la consommation d'énergie. Ceci représente 63 millions de tonnes équivalent pétrole (TEP). Le programme passe notamment par l'isolation thermique de 100 000 logements par an, la conversion au GPL de plus d'un million de véhicules particuliers et plus de 20 000 autobus. Reste que la réalisation de ce programme dépend essentiellement de la disponibilité financière. C'est ce qui explique, d'ailleurs, le manque d'entrain de Sonelgaz. En chiffres, Sonelgaz a besoin de 100 milliards de DA par an pour réaliser ce programme. La compagnie a opté pour un volume de 3500 à 4000 mégawatts d'ici 2020, avec une moyenne de 400 mégawatts par an. Mais ce programme sera réalisé "sous réserve de disponibilités financières", précise M. Bouterfa. Il faut dire que la transition énergétique est coûteuse et complexe. En l'absence d'une économie diversifiée, la chute des prix de pétrole met sous forte pression financière cette transition. Si, il y a une décennie, la situation financière était reluisante et le retard dans la mise en œuvre du programme n'était dû qu'aux atermoiements des décideurs, la situation aujourd'hui est plus compliquée. La situation financière du pays impose des arbitrages budgétaires. En effet, est-ce que nos responsables sont prêts à mobiliser de l'argent dans le renouvelable, quand la même somme, explique le PDG de Sonelgaz, donne trois fois plus en électricité produite à partir du gaz. C'est à se demander si la chute des prix du pétrole et du gaz n'a pas provoqué la mort virtuelle du programme. S. S.