Ali Benflis a parlé fort : "La vacance au sommet de l'Etat a produit son effet boule de neige sur toutes les institutions constitutionnelles" et "le vide (...) a été comblé par des forces extraconstitutionnelles." "La grande famille de l'opposition" était hier au rendez-vous, à l'ouverture du congrès constitutif du parti d'Ali Benflis, les Avant-gardes des libertés, au chapiteau de l'hôtel Hilton, à Alger. Et pas seulement, puisque, en plus de la présence d'éminentes personnalités politiques, pour la plupart des anciens ministres et chefs de gouvernement, Ali Benflis n'a pas manqué d'annoncer la couleur : "Il y a parmi nous d'anciens officiers supérieurs et officiers généraux de notre Armée nationale populaire, digne héritière de la glorieuse Armée de libération nationale." Etaient présents les chefs de partis politiques regroupés dans la CNLTD, et au nom desquels le président de Jil Jadid, Soufiane Djilali, a prononcé une allocution. De même que les formations politiques constituant le Front du changement et au nom desquelles Tahar Benbaïbèche a pris la parole pour appuyer les Avant-gardes des libertés. Au premier rang de la salle, ne sont pas passés inaperçus les anciens chefs de gouvernement Belaïd Abdeslam, Mokdad Sifi et Ahmed Benbitour. Et pour boucler la boucle, Ali Benflis a annoncé la présence "des dignes représentants de cette génération de géants qui ont produit la glorieuse Révolution de Novembre ; je veux citer Athmane Belouizdad, Djamila Bouhired...". C'était donc la première démonstration de force, par la qualité des invités, et sous les applaudissements d'autres personnalités politiques, telles que Abdelaziz Rahabi, Nourredine Bahbouh, Kamel Bouchama, Ali Yahia Abdenour et Mustapha Bouchachi. "Une opération de clonage en cours" Une fois les formes protocolaires observées, Ali Benflis entre dans le vif du sujet : "L'Algérie vit une vacance du pouvoir qu'il est vain de tenter de cacher par des procédés les uns plus vains et plus dérisoires que les autres. Les institutions sont illégitimes de la base au sommet du fait du fléau de la fraude qui a, lui aussi, pris une dimension systémique. La vacance au sommet de l'Etat a produit son effet boule de neige et ce sont toutes les institutions constitutionnelles qui se sont retrouvées en situation de quasi-cessation d'activités. Toute l'administration est entrée en léthargie faute d'orientations et de directives. Le vide généré par la vacance du pouvoir a été comblé par des forces extraconstitutionnelles qui ont pris possession du centre de la décision nationale." Et comme pour mieux illustrer ce qui se prépare pour l'Algérie, Ali Benflis persiste et signe : "En ce moment même où nous sommes réunis ici, dans tout le pays bruissent des rumeurs, des fuites et des ballons-sondes sont jetés pour vérifier l'acceptabilité et la faisabilité d'une opération de clonage de notre système politique au moyen de ce qu'il est devenu commun de désigner sous l'appellation de transmission héréditaire ou cooptée du pouvoir." "Appel à la combativité et au sacrifice" Estimant que "c'est le système politique national qui est au cœur de la crise de régime à laquelle notre pays est confronté", Ali Benflis lance son premier appel : "Ce dont il s'agit en ces instants, c'est aussi la réaction de femmes et d'hommes qui refusent de rester sourds à l'appel du devoir, de reculer devant l'adversité ou de se replier sur eux-mêmes alors que la République est menacée dans ses fondements, que l'Etat national est fragilisé, que la cohésion de la nation est mise en danger et que les équilibres les plus essentiels de notre société sont atteints." Et c'est de cela qu'il s'agit aujourd'hui, poursuit-il : "De devoir, de responsabilité et de réponse à l'appel de l'Algérie." Et comme pour faire appel au courage et chasser toute hésitation, il conclut : "L'état immérité dans lequel se trouve notre pays et toutes les attentes insatisfaites de notre peuple suffisent pour réduire toutes nos hésitations — même les plus fortes — pour nous pousser à affronter tous les obstacles — même ceux qui paraissent insurmontables — et pour aller au-delà de tous les motifs de découragement qui sont réels et nombreux." M. M.