A li Benflis est inquiet. L'ancien chef de gouvernement exprime sa crainte de voir que «des mains aventureuses ne se soient emparées du pouvoir politique laissé à l'abandon par son titulaire constitutionnel et en disposent à leur guise». Le président du nouveau parti, Talaîe El Houriyet, qui s'est exprimé, hier dans une interview accordée au site électronique impact24, estime qu'il y «un vide institutionnel» créé par la maladie du chef de l'Etat, et que «des acteurs extraconstitutionnels s'emploient à combler ce vide sans qu'ils n'en aient ni le pouvoir ni les capacités». M. Benflis ne cite personne. Mais il pointe du doigt la «vacance du pouvoir» qu'il impute à l'absence prolongée du chef de l'Etat. «Il n'y a plus personne aux commandes de la maison Algérie depuis longtemps. Il n'y a plus de timonier, il n'y a plus de boussole, il n'y a plus de cap et il n'y a plus de carte de navigation», a-t-il insisté. Et c'est ceci justement, indique M. Benflis, le «plus grand» problème du pays. L'homme, à l'expérience politique au long cours, explique que «la vacance du pouvoir est en elle-même d'une exceptionnelle gravité. Mais il y a plus grave dans cette phase critique que le pays traverse : je crains que des mains aventureuses ne se soient emparées du pouvoir politique laissé à l'abandon par son titulaire constitutionnel et en disposent à leur guise. La grande menace pour l'Etat national est désormais là et nulle part ailleurs». Même lorsque le journaliste pose la question sur les derniers changements opérés dans le corps des walis et dans les rangs de l'armée, Ali Benflis renvoie à la réalité de la prise de la décision politique. Il donnera l'exemple du gouvernement dont le remaniement ne sert pas à grand-chose. «Mais à quoi cela peut-il servir de remanier un gouvernement qui ne gouverne plus ; je veux dire par-là un gouvernement qui ne se réunit que deux à trois fois par an et, seulement, dans les cas où il ne peut pas faire autrement ?» s'interroge-t-il. Le jugement de Ali Benflis est encore plus sévère sur les changements opérés au sein de l'ANP. De ces changements, l'homme politique ne retient que «l'inélégance, l'ingratitude et l'indélicatesse du geste». «Un pouvoir politique qui se respecte ne traite pas des dirigeants de ses forces armées et de ses services de sécurité de cette manière-là», dit-il. En somme, indique l'ancien ministre dede la Justice, «l'Algérie dérive et avec elle tout un peuple qui ne mérite pas ce sort injuste». Sur le plan économique, Ali Benflis prévoit une situation délicate pour le pays. La raison ? «Nous ne sortons de cette décennie de profusion financière que pour rentrer, de nouveau, dans l'austérité et la rigueur tout simplement, parce que nos gouvernants ont été incapables d'organiser la relève d'une économie rentière par une économie créatrice de richesses.» Pour tenter d'apporter une solution à la situation actuelle, l'ex-chef de gouvernement estime que cela passe par «une solution politique». «La prise en charge nationale de cette crise n'est pas purement économique et comptable. Elle est essentiellement politique. La faillite économique du pays, que ne cacheront pas longtemps les Fonds de régularisation des recettes et des réserves de change, est d'abord une faillite politique», insiste M. Benflis.