Le Tchad a été frappé hier au cœur de sa capitale N'Djamena, cible d'une série d'attaques terroristes simultanées qui ont fait près d'une trentaine de morts et plus d'une centaines de blessés, ont indiqué les autorités tchadiennes. Le bilan provisoire de ces attentats kamikazes, qui ont visé le commissariat central et l'école de police de la capitale tchadienne, était de 27 morts à la mi-journée, selon un communiqué du gouvernement. Les deux kamikazes étaient en motos, ont affirmé des sources gouvernementales, citées par la presse locale. Les autorités tchadiennes ont mis à l'index le mouvement terroristes islamistes nigérian Boko Haram. "Ce mouvement a fait une erreur en s'attaquant au Tchad. Ses membres seront traqués et neutralisés", a déclaré le ministre de la Communication Hassan Sylla Bakari à la télévision publique tchadienne, assurant que "la situation est sous contrôle". Une cellule de crise a été installée par le gouvernement et le président Idriss Déby Itno a été contraint de rentrer d'urgence de Johannesburg, en Afrique du Sud, où il participait au 25e Sommet de l'Union africaine. Positionné en tant qu'acteur majeur dans la lutte contre le terrorisme dans la région sahélo-saharienne, avec l'appui militaire et logistique de la France et des Etats-Unis, le Tchad paie aussi, à travers les attaques d'hier, pour son implication directe, en territoire nigérian, dans la guerre contre le mouvement islamiste Boko Haram. Pour rappel, le quartier général de l'opération militaire française Barkhane est installé à N'Djamena. Il est également convenu que la capitale tchadienne accueille le QG de la nouvelle Force d'intervention conjointe multinationale (MNJTF, son acronyme en Anglais), qui regroupe le Nigeria, du Cameroun, du Tchad, du Niger et du Bénin. Le MNJTF a vu le jour à l'issue du sommet organisé jeudi dernier à Abuja pour élaborer un plan de lutte commun contre Boko Haram. La nouvelle force sera composée de 8700 soldats. Le parlement tchadien a approuvé le 20 mai une prolongation de l'intervention militaire contre Boko Haram, lancée en février. Selon des sources militaires tchadiennes, environ 5 000 soldats tchadiens sont engagés dans la lutte contre Boko Haram. En avril, N'Djamena avait déploré la mort de 71 soldats dans le cadre de cette opération. L.M.