La croisade terroriste de Boko Haram a fait plus de 15.000 morts depuis 2009, et ce uniquement au Nigeria. Le chef de l'armée nigériane, le général Tukur Buratai, a échappé in extremis à une embuscade des islamistes de Boko Haram dans le nord-est du Nigeria, a affirmé hier le porte-parole de l'armée Sani Usman. Nommé en juillet dernier, le général Buratai visitait samedi un contingent de l'armée à Faljari, à 45 km de Maiduguri, capitale de l'Etat de Borno, lorsque son convoi a été attaqué. Lors de la fusillade qui a suivi, dix militants islamistes et un soldat nigérian ont été tués, a ajouté le porte-parole. «Les terroristes ont essuyé une écrasante puissance de feu des soldats au cours de laquelle 10 d'entre eux sont morts. Nos troupes ont capturés cinq terroristes», a affirmé l'officier. «Malheureusement, nous avons perdu un soldat lors de l'affrontement, tandis qu'un officier et quatre soldats ont été blessés par balles», a-t-il ajouté. L'attaque de samedi intervient au lendemain de la mort de deux soldats victimes de l'explosion d'une mine près de Dikwa, une ville reprise aux jihadistes en juillet. Boko Haram a intensifié ses attaques dans l'Etat de Borno et dans deux autres Etats voisins du nord-est depuis que le nouveau président Muhammadu Buhari a pris ses fonctions fin mai. Cette nouvelle vague de violence a coûté la vie à plus de 1000 personnes et mis en échec les efforts lancés depuis le début de l'année par les armées du Nigéria, du Tchad, du Cameroun et du Niger qui s'efforcent de contrer Boko Haram. Procédant par des attaques brutales et imprévisibles contre des villages isolés, Boko Haram a multiplié les exactions durant ces deux dernières années, se livrant à une rapine et réduisant en esclavage les femmes captives, plusieurs centaines d'entre elles ayant été livrées à l'exploitation sexuelle des membres de la secte. Une Force d'intervention conjointe multinationale (MNJTF) de 8.700 hommes regroupant le Nigeria, le Niger, le Tchad, le Cameroun et le Bénin, va être déployée incessamment dans le nord-est du Nigeria et aux confins des frontières du Cameroun et du Tchad. La croisade terroriste de Boko Haram a fait plus de 15.000 morts depuis 2009, et ce uniquement au Nigeria. Les chefs d'état-major des pays africains en lutte contre Boko Haram ont finalisé samedi dernier à N'Djamena les détails du déploiement de la force régionale chargé d'»éradiquer» le groupe islamiste nigérian. La Force d'intervention conjointe multinationale (MNJTF), à laquelle doivent participer le Nigeria, le Niger, le Tchad, le Cameroun et le Bénin, doit permettre de mieux coordonner les efforts des différentes armées, jusque-là dispersés. Selon un officier supérieur qui a requis l'anonymat, les chefs d'état-major ont arrêté les contributions de chaque pays membre de la force régionale, qui doit compter au total 8.700 militaires, policiers et gendarmes. Le Nigeria mobilisera 3.750 hommes, le Tchad 3.000, le Cameroun 2.650, le Niger 1.000 et le Bénin 750, a affirmé cette source.Les hauts responsables militaires ont également établi trois centres de commandements devant délimiter trois secteurs d'opérations. Les deux centres de commandement au Nigeria seront Baga Kawa, ville située sur les rives du lac Tchad, et Gamboru, localité frontalière du Cameroun. Au Cameroun, un troisième poste sera basé à Mora, dans l'extrême nord du pays, proche de la forêt nigériane de Sambisa, où de nombreux islamistes se sont retranchés. La force, dont l'état-major est basé à N'Djamena, sera dirigée par le général nigérian Iliya Abbah, officier d'infanterie musulman originaire du nord du Nigeria. Le déploiement de la MNJTF, dont la création avait été décidée en mai 2014, après le rapt de plus de 200 lycéennes à Chibok (Nigeria), a été repoussé à de nombreuses reprises. L'insurrection de Boko Haram et sa répression par l'armée ont fait plus de 15.000 morts au Nigeria depuis 2009, essentiellement dans le nord du pays majoritairement musulman. Ces dernières semaines, le groupe islamistes a multiplié les attentats-suicides au Nigeria et dans les pays voisins, notamment au Tchad et au Cameroun, dont le nord a été frappé par cinq attentats kamikazes en juillet qui ont fait une cinquantaine de morts.