Le collectif Nabni a proposé, hier à Alger, un ensemble de réformes économiques et sociales à même de permettre, selon ses membres, de contrecarrer les conséquences de la baisse des cours mondiaux du pétrole sur l'économie nationale. "Baptisé Abda (Je commence), ce plan, suggéré pour la période 2016-2018, propose de concentrer les efforts sur une liste de 12 chantiers prioritaires liés, notamment, à la promotion de l'investissement productif, à la révision de la politique des subventions et à la modernisation de l'administration", ont indiqué des membres de ce collectif lors d'une conférence de presse. Pour les concepteurs de ce plan, ces actions doivent être menées de façon à mettre fin aux dépenses "inefficaces et coûteuses", bâtir les fondations d'une action publique transformée, engager les réformes les plus difficiles et accélérer les chantiers en suspens. Pour renforcer l'investissement productif, le collectif met l'accent sur l'accélération des réformes bancaires et sur l'engagement d'"une profonde réforme" de la gouvernance des entreprises publiques. Au chapitre social, Nabni propose un ciblage dans les subventions et les transferts sociaux : "Il y a trop d'argent public qui est distribué", a relevé Mabrouk Laïb, membre de Nabni, estimant que la politique des subventions actuelle profite plus aux plus riches qu'aux nécessiteux. "Nous ne suggérons pas de renoncer au soutien des catégories démunies et nous ne proposons pas des mesures libérales drastiques. Bien au contraire, nous disons qu'il faut bien gérer l'argent public car nous n'avons plus les moyens pour gaspiller", a estimé Abdelkrim Boudraâ, porte-parole de Nabni. Le collectif propose aussi de décaler certains projets d'infrastructures non prioritaires et de geler la croissance des dépenses publiques de fonctionnement jusqu'à 2018 afin de compenser la perte en recettes des hydrocarbures et d'assurer les équilibres budgétaires. Pour M. Boudraâ, ces propositions ne constituent aucunement une remise en cause de la politique de développement économique et social de l'Etat, mais visent à éviter un choc brutal et une situation "plus délicate" si rien n'est fait aujourd'hui. "Il ne s'agit pas d'aller dans la précipitation pour remédier aux symptomes de la baisse durable de nos recettes d'exportations. Il ne s'agit pas non plus d'entamer un plan d'austérité et de freiner les investissements et les projets de développement de notre économie. Il s'agit, au contraire, de commencer à mettre en place les premiers jalons d'un changement de voie durable", note le rapport de présentation du plan. Le plan "vise à amorcer une diversification économique à moyen terme, à rétablir la soutenabilité budgétaire et financière à l'économie du pays en développant de nouvelles sources de recettes pour l'Etat, ainsi qu'à améliorer sensiblement l'efficacité des politiques publiques". Pour enrichir ce plan, Nabni a soumis ses propositions au débat via son site Internet où il invite le grand public, les experts et les différents organismes à enrichir davantage son plan. Fondé en 2011, Nabni est un think tank composé essentiellement d'universitaires, d'experts et de consultants œuvrant à construire des réflexions autour de la conjoncture nationale, notamment sur le plan économique.