L'ancien ministre des Affaires étrangères, Mongi Hamdi, a estimé que le danger terroriste vient de la Libye. La Tunisie a entamé la construction d'un mur, le long d'une partie de sa frontière avec la Libye, a annoncé mardi soir le Premier ministre tunisien, Habbib Essid, lors d'un entretien radiotélévisé sur les médias locaux. "La Tunisie a commencé à construire un mur d'environ 168 kilomètres, ainsi qu'une tranchée qui sera creusée parallèlement au mur", a-t-il indiqué. "Des postes de surveillance seront mis en place tout au long de cette zone qui s'étendra sur deux terminaux frontaliers de Dhihba et de Ras Jedir", a-t-il précisé. Le projet sera finalisé, selon le chef du gouvernement, d'ici à fin 2015. À travers la construction de ce mur, la Tunisie affirme la nécessité de se protéger de toute intrusion terroriste du côté de sa frontière est avec la Libye, sa frontière ouest étant fortement surveillée par l'armée algérienne. Cette décision intervient dans la foulée des mesures prises par le gouvernement, à la suite de l'instauration de l'état d'urgence le 4 juillet dernier. Car, selon les services de renseignement à Tunis, des centaines de jeunes tunisiens, partis faire le jihad en Irak et en Syrie, seraient passés aussi par les camps d'entraînement libyens, en traversant la frontière clandestinement. La Tunisie veut ainsi empêcher tout jeune tunisien, parti s'entraîner dans les camps des groupes terroristes en Libye, de rentrer pour commettre de nouvelles attaques dans le pays. D'ailleurs, l'auteur de l'attentat de Sousse, le 26 juin dernier, Seifeddine Rezgui, qui a tué 38 touristes étrangers, aurait été formé dans un camp d'entraînement à Sabratha, une ville libyenne située à environ 100 km de la frontière tunisienne, selon le secrétaire d'Etat chargé de la Sûreté nationale. C'est le cas aussi des deux autres terroristes qui ont perpétré l'attaque du musée du Bardo, le 18 mars 2015, tuant 21 touristes étrangers et un policier tunisien, en faction. La construction du mur à la frontière tuniso-libyenne a suscité beaucoup de réactions des Tunisiens sur la Toile. De nombreux Tunisiens doutent, en fait, de l'efficience d'une telle action qui, selon eux, ne réglera pas les problèmes des infiltrations terroristes, et qui fait appel à un coût financier conséquent. La Tunisie n'est pas en mesure de supporter, en ces temps de grave crise socioéconomique, de telles dépenses. Depuis juin, le gouvernement ne cesse d'annoncer de nouvelles mesures sécuritaires. Le président tunisien, Béji Caïd Essebsi, a, en effet, déclaré l'état d'urgence samedi dernier pour une durée de 30 jours, susceptible d'être prolongé si la situation l'exige. Par ailleurs, la proclamation de cet état d'urgence permettra l'utilisation de l'armée comme force d'appoint aux forces de police, a affirmé, dans une déclaration au quotidien français Le Monde, Kamel Jendoubi, ministre chargé des Relations avec les instances constitutionnelles et la société civile. A.B.