Le Foreign Office a recommandé jeudi aux touristes britanniques de quitter la Tunisie et déconseillé tout voyage non essentiel dans le pays, arguant de dispositions locales insuffisantes face à la forte menace terroriste. Jugeant qu'une nouvelle attaque terroriste est hautement probable, le ministère des Affaires étrangères indique sur son site ne pas croire que les mesures mises en place (par le gouvernement tunisien) soient suffisantes pour protéger actuellement les touristes britanniques. Ces nouveaux conseils aux voyageurs sont publiés près de deux semaines après l'attaque à Port El Kantaoui, qui a coûté la vie à 38 touristes dont 30 Britanniques. Interrogé par la BBC, le ministre des Affaires étrangères Philip Hammond a indiqué jeudi ne pas avoir d'information suggérant une menace spécifique ou imminente. Nous jugeons prudent et justifié de faire ce changement, a-t-il cependant ajouté. Le ministère déconseille ainsi tout voyage sur le mont Chaambi et à plusieurs endroits de la frontière avec l'Algérie, ainsi que le long de la frontière avec la Libye. Dans le reste du pays, le ministère déconseille tout voyage non essentiel. Si vous êtes en Tunisie et que vous n'avez pas une raison essentielle de rester, vous devriez partir, indiquent les nouveaux conseils aux voyageurs. Ils précisent que des vols seront mis en place par les opérateurs de tourisme pour organiser le départ de leurs clients. Selon l'Association des agences de voyages britanniques ABTA, il reste environ 3 000 touristes britanniques en Tunisie, contre 20 000 au moment de l'attaque à Port El Kantaoui. Le tour opérateur Thomson et First Choice, qui n'a actuellement plus de clients en Tunisie, a annoncé jeudi l'annulation de tous ses voyages vers ce pays jusqu'au 31 octobre, ainsi que le rapatriement de son personnel britannique sur place. La Tunisie a proclamé l'état d'urgence le 4 juillet, et ce pour 30 jours, en raison de la crainte de nouveaux attentats dans le pays. Les autorités tunisiennes ont renforcé leurs mesures de sécurité mais ont aussi reconnu des limites à leur capacité à faire face à l'actuelle menace terroriste, pointe le Foreign Office. Le 26 juin, un Tunisien de 23 ans, identifié par les autorités comme un étudiant en master nommé Seifeddine Rezgui, a ouvert le feu sur des touristes sur une plage et au bord des piscines d'un hôtel de Port El Kantaoui, près de Sousse. Cette attaque a été revendiquée par le groupe Etat islamique (EI), comme celle qui a tué 21 touristes et un policier tunisien le 18 mars au musée du Bardo à Tunis.
Crainte de nouveaux attentats La Tunisie a recours à l'état d'urgence en raison des craintes de nouveaux attentats après celui, le pire de son histoire, qui a tué 38 touristes le 26 juin, a affirmé mercredi son Premier ministre Habib Essid. Nous menons une guerre féroce contre le terrorisme pour protéger les vies et les propriétés, défendre le régime républicain (...), l'Etat civil et ses institutions, a déclaré M. Essid devant le Parlement. Nous n'aurions pas été obligés de décréter l'état d'urgence si nous n'étions pas convaincus que notre pays faisait face à des plans terroristes nombreux dans le but de déstabiliser (le pays), et que les gangs du terrorisme, du meurtre et du crime planifiaient d'autres opérations qualitatives dont le but est de tuer le maximum de personnes, de frapper le moral (de la population) et de paralyser les rouages de l'économie nationale, a-t-il ajouté. Le pouvoir exécutif a donc assumé ses responsabilités en décrétant l'état d'urgence, a-t-il poursuivi. Mais quels que soient les sacrifices, nous l'emporterons sur le terrorisme, a-t-il assuré, affirmant par ailleurs qu'en dépit de l'état d'urgence, les libertés ne seraient pas touchées. L'état d'urgence a été décrété samedi sur tout le territoire tunisien pour 30 jours, huit jours après l'attentat sanglant sur la plage et dans un hôtel au Port d'El Kantaoui ayant coûté la vie à 38 touristes. Le tueur est un jeune Tunisien de 23 ans qui a été formé au maniement des armes dans un camp de djihadistes en Libye, selon le ministère de l'Intérieur. Pour renforcer les mesures sécuritaires à la frontière tuniso-libyenne, M. Essid avait évoqué mardi la mise en place d'un mur protecteur de terre entre les deux postes frontaliers de Ras Jedir et de Dhiba. Ce projet avait déjà été annoncé par le ministère de la Défense après l'attentat sanglant du musée du Bardo le 18 mars, qui avait fait 22 morts. Un mur protecteur de terre et des fossés seront construits entre les deux postes frontaliers de Ras Jedir et Dhiba sur 186 kilomètres, en application d'une mesure prioritaire prise par le ministère de la Défense, a indiqué mercredi un porte-parole de ce ministère, Belhssan Oueslati. Nous avons commencé l'exécution de ce projet depuis le 10 avril et il sera achevé fin 2015, a-t-il encore ajouté. La Tunisie, qui fait face depuis la révolution de 2011 à une menace djihadiste croissante, fournit à ces groupes extrémistes leur plus gros contingent d'étrangers, environ 3 000.