Résumé : Yamina ne se fait pas d'illusion. La mère de Fethi ne voudra jamais d'elle. Elle ne se trompe pas. Dès que Fethi apprend à sa mère son intention de se marier, celle-ci passe de la joie à la déception. Elle a déjà entendu parler d'Ibtissem et en mal. Fethi tente de la convaincre que c'est la seule qui puisse faire son bonheur. Il n'est pas près de renoncer à elle... - Ta mère ne veut pas de moi ? Mais elle ne me connaît pas ! Comment peut-elle porter un jugement sur ma personne, ainsi, en se basant sur les dires des autres ? s'écrie la jeune fille. Elle peut apprendre à me connaître ! Comment peut-elle se fier aux jugements des autres ? - Maintenant que je lui ai parlé de toi, elle va changer de sentiments, la rassure Fethi. Car elle n'a pas le choix ! Tu seras ma femme, qu'elle le veuille ou pas ! - Tu tiens vraiment à moi !, constate Ibtissem. Mais si elle persiste à refuser, que feras-tu ? - J'irai vivre ailleurs ! Et pour bien faire sentir à sa mère qu'il ne changera pas, il ne goûte à rien de ce qu'elle prépare. Il s'arrange pour ne pas rentrer le soir, trois nuits de suite. Ses sœurs sont venues afin de lui parler, de lui faire entendre raison, mais il les évitera, ne tardant jamais quand il passe à la maison, juste le temps de prendre des affaires. Sa sœur aînée, Fatiha, a tenté de savoir où il passait ses nuits. Mais il lui a répondu évasivement. - Chez des amis... Au moins auprès d'eux, je peux être moi-même ! - Fethi, personne dans le quartier ne dit du bien de cette fille ! Pourquoi vouloir gâcher ta vie à tout prix ? - Ibtissem a un bon fond ! Pourquoi voulez-vous me la gâcher ? J'aime cette fille, plus que ma vie ! Faut-il qu'elle me perde pour qu'elle le comprenne ? - Comment "te perdre" ?, reprend Fatiha. Qu'est-ce que tu veux dire par là ? - Tu as très bien compris ! Dès qu'elle sera prête à la demander en mariage, passe me voir au lycée ! Je ne reviendrai pas à la maison tant qu'elle ne se sera pas décidée ! Il n'y a que sa mère qui fait obstacle à son bonheur. Si elle daignait faire un effort, il pourrait imposer à Ibtissem le fait de vivre avec elle. Mais maintenant qu'elle connaît ses sentiments à son égard, ce ne sera pas facile. Les jours qui suivent, les deux tourtereaux se voient chaque après-midi et ils vont danser chaque jeudi soir, avant d'aller terminer la nuit chez un copain, petit ami de Fella. Parfois, celle-ci vient avec eux. Les filles dorment dans une chambre, et Fethi et Waheb dans une autre. Fella et Ibtissem en profitent pour discuter de leurs études, de leur avenir. - Sa mère ne veut toujours pas me demander en mariage, lui confie Ibtissem. Ma mère s'en doutait depuis le début ! Qu'ai-je de si répugnant ? Pourquoi les gens parlent de moi en mal ? - Regarde-toi dans une glace ! Dame nature t'a comblée ! On ne peut que t'envier..., qu'être jaloux de toi ! - Tu sais ! Rien que pour l'enrager, je vais m'accrocher à Fethi et le rendre encore plus amoureux de moi, au point de lui faire oublier toute sa famille... Il ne verra que moi ! - Si sa mère finit par t'accepter pour belle-fille, il te faudra changer sur un bon nombre de points, la prévient Fella. Abandonner la cigarette, ne pas te promener en short et débardeur, ne plus te maquiller comme une star... Il te faudra apprendre à cuisiner, à faire le ménage, à être polie et respectueuse ma chère ! - S'il faut faire tout ça, je ne me marie pas ! déclare Ibtissem. Enfin... Je vais me marier avec Fethi, uniquement pour rendre furieuse sa mère, et je ne changerai aucune de mes habitudes ! Elle m'aura pour belle-fille telle que je suis maintenant ! Elle va en baver de mes belles manières ! Plus d'un mois passe avant que Houria daigne envoyer sa fille Fatiha au lycée où il travaille. Fethi ne l'accueille pas chaleureusement. Il reproche à sa sœur de ne pas avoir tenté de presser sa mère d'accepter Ibtissem. - Dis-lui de venir elle-même ! Puisqu'elle m'a fait attendre aussi longtemps, qu'elle ne soit pas choquée en apprenant que je ne veux plus vivre à la maison ! - Et ou vivras-tu ? - N'importe où ! à l'hôtel peut-être !, répond Fethi très sérieusement, au point de rendre pâle sa sœur. Enfin, même si elle vient jusqu'à moi, il n'est pas sûr que je rentre à la maison ! Pas tant que je ne serai pas sûr que ses sentiments sont sincères et qu'elle regrette vraiment ce qu'elle nous a fait endurer ! (À suivre) A. K.