Des fellahs ont lancé un appel désespéré sur les ondes de la radio régionale en soulignant que leurs récoltes sont compromises faute d'irrigation d'appoint durant la période cruciale. Les pouvoirs publics ont mis en œuvre ces dernières années une batterie de mesures incitatives en direction des fellahs, et le barrage de Bouhamdane, distant d'une vingtaine de kilomètres du chef-lieu de wilaya, contribue à l'irrigation d'un périmètre de plusieurs milliers d'hectares en octroyant annuellement plus de 24 millions de m3 d'eau. L'Onid (Office national d'irrigation et drainage), domicilié à Boumahra-Ahmed, est chargé de cette mission stratégique. Cependant, les fellahs sont en colère et tirent à boulets rouges sur cet organisme, dont ils dénoncent la carence caractérisée et le manque d'engagement. Dimanche, quatre fellahs s'adonnant aux cultures céréalières, industrielles et maraîchères sont montés au créneau et ont lancé un appel désespéré sur les ondes de la radio régionale en soulignant que leurs récoltes sont compromises faute d'irrigation d'appoint durant la période cruciale. Ils appréhendent à juste titre des rendements médiocres en dépit d'investissements conséquents dans la culture de la tomate industrielle. Plusieurs d'entre eux se sont rapprochés de Liberté pour exprimer leur ras-le-bol et décrier la gestion de l'Onid qu'ils qualifient de désastreuse. Le directeur de deux fermes-pilotes implantées dans la commune de Belkheir est catégorique : "Nous avons choisi le partenariat conventionné avec des fellahs du secteur privé afin de solliciter le concours de l'Onid, qui exige le versement de 17 000 DA pour l'irrigation d'un hectare à raison d'un volume global de 5500 m3 d'eau. J'ai viré à titre d'avance la somme de 296 millions de centimes à cet office qui a failli à ses engagements, puisque la culture de la tomate industrielle a été sérieusement affectée durant le cycle végétatif, et j'ai honoré les contrats d'assurances auprès de la CRMA. Le verger d'une cinquantaine d'hectares de la ferme-pilote Boumaza-Saïd est déclaré sinistré à concurrence de plus de 90%, et ce, faute d'irrigation appropriée. Nous accusons une perte sèche de plusieurs centaines de millions de centimes !" Un autre fellah visiblement excédé poursuit : "L'irrigation est insuffisante, irrégulière et sévèrement rationnée par les gestionnaires de l'Onid, et ce laisser-aller a causé des dégâts irréversibles à nos cultures. Nous attendons un rendement de 150 à 200 q de tomates industrielles par hectare, alors que l'année écoulée, nous avions obtenu 600 à 700 q/ha ! Nous avons investi une quarantaine de millions de centimes par hectare et voilà les résultats !" Le directeur de la ferme-pilote Boumaza est déçu par les résultats de la campagne moissons-battages : "Nous n'avons obtenu qu'un rendement de 16 à 20 q de céréales par hectare alors qu'en irrigué, nous avons tablé sur 40 à 50 q/ha." Nos interlocuteurs estiment que la gestion du périmètre irrigué est catastrophique, à savoir des canalisations fissurées, des châteaux d'eau envasés et des fuites d'eau monumentales. Lors du lancement de la campagne moissons-battages, des fellahs avaient tiré la sonnette d'alarme, ce qui a fait réagir le wali qui avait sévèrement mis en garde le directeur de l'Onid. Selon ce groupe de fellahs, la situation est toujours désastreuse, et un expert conventionné avec la CRMA a été requis avant d'évaluer les dégâts sur le terrain. De toute évidence, ces fellahs ont décidé d'ester en justice les responsables de l'Onid. H. B.