Abderrahmane Saïdi, membre du madjliss echoura et ex-vice-président du parti, récuse le ton cavalier de l'apostrophe du BE contre Abou Djerra, le considérant comme un précédent dans les usages du parti. Le récent rappel à l'ordre à Abou Djerra Soltani par le bureau exécutif du MSP constitue, par sa teneur, un précédent grave à même d'entraîner une crise majeure entre les deux principaux courants qui se disputent actuellement la ligne du parti. L'un, partisan du retour aux institutions, est incarné justement par Abou Djerra, l'ex-numéro un ; l'autre, défenseur d'une ligne anti-pouvoir, est mené par Abderrezak Makri, l'actuel chef du parti. C'est l'avis exprimé hier par Abderrahmane Saïdi, vice-président au temps de Soltani et néanmoins membre du majliss echoura en exercice, qui s'est dit "surpris" par le ton adopté par le communiqué du bureau exécutif national du parti. Il a affirmé, dans un entretien téléphonique avec Liberté, qu'il s'agit d'"un précédent grave dans les annales du parti. Jamais il n'y a eu un communiqué pareil de rappel à l'ordre à l'un de nos militants pour cause de déclarations. Depuis le temps du défunt Nahnah, notre mouvement a, toujours, favorisé la liberté d'expression et de pensée, y compris même en dehors des instances", s'offusque-t-il. Visiblement remonté contre la teneur adoptée par le communiqué, Saïdi rappellera à Makri ses propres incartades. "Abderrezak Makri s'est lui-même livré à des déclarations contraires à la position du parti, mais il n'en a pas été inquiété", rappellera encore notre interlocuteur, s'interrogeant sur les véritables motivations de l'actuel détenteur de la présidence du mouvement. Car, selon lui, rien ne justifie une telle remontrance à l'égard de l'ancien président, puisqu'"il n'a pas été contre la rencontre avec Ouyahia, mais bien au contraire il l'avait encouragée et applaudie". Plus catégorique encore, il considère que "ce genre de comportement va entraîner des faux problèmes qui vont impacter négativement le parti", redoutant qu'une telle escalade n'entraîne "une crise ouverte dans le parti". Des crises organiques qui ont jalonné l'existence du parti basculé au gré des contingences politiques et des rapports de forces au sein de ses instances entre "le participationniste", une démarche conceptualisée par le fondateur du parti, le défunt cheikh Nahnah et une opposition frontale au pouvoir. Cette ligne de fracture entre les deux tendances s'est traduite par des scissions internes successives. D'abord le groupe du sénateur Boumehdi, puis Abdelmadjid Menasra et enfin Amar Ghoul. En tout cas la prochaine réunion du madjliss Eechoura, prévue pour le 24 juillet, s'annonce d'ores et déjà tendue et pourrait accoucher d'une autre rupture qui fragiliserait le parti. A. R.