Résumé : Ibtissem ne voulait pas impliquer son cœur dans cette vengeance, mais il est pris dans le tourbillon. Madjid et elle se sont vus plusieurs fois. Les regrets la perturbent. Lorsqu'on lui propose un poste à Oran, elle n'en parle pas tout de suite à son mari. Ce dernier la surprend en la pressant d'accepter. Lui aussi aspire à du changement dans leur vie... Ibtissem cède à la passion, avec le sentiment que ces quelques heures, cette histoire appartiendraient au passé. Mais tout de suite, elle regrette. -Il faut m'oublier Madjid... Tu as une femme, des enfants, à quoi nous mènerait cette relation ? On ne doit plus se revoir ! -Mais je t'aime Ibtissem ! -Il faut te faire à cette séparation... Je quitte Alger pour qu'on ne se gâche pas la vie !, lui dit-elle en s'habillant. Ça ne nous fera que souffrir davantage en nous revoyant ! Nos familles ne méritent pas ça ! Je n'aurais jamais dû ! Madjid pique une colère. Il ne veut pas se faire à l'idée de ne plus la revoir. Il pense même à la rejoindre à Oran. -Ne fait surtout pas ça ! Aujourd'hui, tout est terminé entre nous ! -Jamais !, crie Madjid. Je ne supporterai pas une séparation ! -Il n'y a que l'éloignement qui peut nous aider à la supporter, lui dit Ibtissem. Ne rend pas les choses plus difficiles qu'elles ne le sont ! -Est-ce que je pourrais venir te voir de temps à autre ?, demande Madjid. -A quoi bon ? On ne doit pas laisser cette passion détruire nos vies, insiste Ibtissem, comme pour s'en convaincre. On doit reprendre une vie normale, comme avant ! -Si tu ne promets pas de me revoir, j'irai tout raconter à ta belle-mère, la menace-t-il. Elle se fera le plaisir de tout rapporter à ton mari ! Elle le criera partout où elle passera ! -Tu ne penses pas faire ça ? Tu dis m'aimer ? Alors tu veux me faire payer ma faute ! Ibtissem a un frisson de dégoût, même si elle comprend sa réaction. Elle lui en veut de vouloir la troubler. Si elle a décidé et pris la décision de partir pour tout oublier, c'est pour ne pas trop souffrir de cette passion qui la brûlait depuis des semaines. Comme elle sait qu'une relation ne les mènera nulle part, autant alors rompre. Et puis s'éloigner... -C'est fini entre nous Madjid ! Irrémédiablement fini, dit-elle. Ne cherche plus après moi ! Aussi, ajoute-t-elle avant de le quitter, même si tu vas tout raconter à ma belle-mère et que j'ai des problèmes avec mon mari, je ne retournerai pas vers toi, même si tu es le seul homme sur terre ! -Ibtissem ! Ecoute-moi... Mais elle part en claquant la porte, refusant de s'attarder, sachant qu'il n'entendra rien de la voix de la raison, aussi parce qu'il est presque vingt heures. Fethi allait se poser des questions. Sa belle-mère devait profiter de cette occasion en or pour le monter contre elle. Ibtissem ignore si Fethi l'a mise au courant pour leur déménagement à Oran. A bien y réfléchir, son mari ne l'avait pas encore fait. Sa belle-mère paraissait trop paisible. Fils unique, pour qui elle avait tout sacrifié, elle n'allait pas le laisser partir sans cri ni larmes. Il est un peu plus de huit heures et demie quand elle arrive à son quartier. Ibtissem se presse dans la cage d'escalier. Elle manque de se heurter à sa belle-mère qui sortait, tout en arrangeant son foulard. Celle-ci ne lui fait aucune remarque. Ce n'est qu'une fois à la maison qu'elle se rappelle la menace de Madjid. Peut-être qu'il l'a contactée entre-temps et qu'elle est descendue le voir. Ibtissem ferme doucement la porte. Fethi ne l'a pas entendue entrer. Elle le surprend en train de faire les cent pas dans le salon. -Bonsoir chéri ! -Ah ! Dieu merci, tu n'as rien !, s'écrie Fethi après avoir sursauté. Je commençais à m'inquiéter ! Qu'est-ce qui a pu te retenir jusqu'à maintenant ? -Ils ont fait une petite fête pour marquer mon départ, lui dit-elle. Puis j'ai eu une envie d'aller au bord de la mer ! -Pour réfléchir une dernière fois ? Mais tu aurais pu m'appeler... On y serait allés ensemble et je ne me serais pas fait du mauvais sang ! -Oui... Je ne regrette pas, lui confie-t-elle. As-tu mis ta mère au courant ? -Je le fais tout à l'heure, après le dîner, lui précise Fethi alors que sa mère rentrait. Tu as trouvé ce que tu cherchais chez l'épicier ? Houria a un sourire. L'air satisfait de son visage ne rassure pas Ibtissem. Surtout quand elle lui demande : -Ou étais tu pendant tout ce temps ? -Je me suis promenée... Ibtissem a répondu calmement, soutenant le regard de sa belle-mère. Quoi qu'elle puisse savoir et utiliser contre elle, Ibtissem est prête à se défendre. Elle ne se laissera pas faire. Tout ce qui lui est arrivé, elle en est entièrement responsable. Elle reconnaît au fond d'elle-même y avoir aussi sa part. Elle n'aurait jamais dû accepter son rendez-vous et de le revoir par la suite. Son cœur s'était subitement attaché à lui, au point où au moindre de ses regards elle perdait pied. Et c'est pour ne pas tout perdre qu'elle avait décidé de quitter Alger. Elle en souffrirait le restant de sa vie. Mais il n'y a pas d'autres solutions. (À suivre) A. K.