Résumé : Ils se retrouvent en fin de journée. C'est l'occasion d'en connaître un peu plus l'un sur l'autre. Ils ne tombent pas dans le piège du dénigrement conjugal. Madjid se demande si elle est là pour se venger de sa belle-mère. Quand il propose d'aller dans un endroit plus tranquille, elle ne refuse pas... -Mon Dieu ! Que m'est-il arrivé ? Ibtissem se pose pour la énième fois la question. Elle aurait voulu ne pas impliquer son cœur dans cette vengeance mais si elle n'arrive pas encore à en convenir, elle est victime d'un coup de foudre. Elle est attirée, subjuguée, atteinte au plus profond d'elle-même. C'est aussi le cas de Madjid mais, lui, ses sentiments étaient clairs depuis le début. Quand ils se revoient pour la troisième fois, il n'y a plus aucun doute sur leurs sentiments. Ils sont épris l'un de l'autre. Pour lutter contre cette évidence, Ibtissem se met à refuser ses invitations. Elle se surprenait à le chercher dans la rue puis le fuyait. Son désir devenu souffrance, grandissait et la désespérait. Elle avait beau réfléchir, elle ne trouvait aucun remède à son mal. Fethi voyait bien qu'elle souffrait mais il ignorait d'où vient le mal. -ça ne va pas à ton boulot ? -On m'a proposé un poste plus important à Oran, lui apprend-elle. Je dois donner ma réponse dans dix jours ! -Tu voudrais partir d'ici ? -Oui... Non pas parce que le poste l'intéresse mais pour fuir ses sentiments. Madjid ne la laissera jamais en paix. Cela fait plusieurs jours qu'elle refuse ses invitations mais il continue à la suivre chaque jour. Il est soit devant ou derrière elle. Il appelle souvent au bureau et elle a demandé à sa secrétaire de ne pas le lui passer. Ibtissem regrette le jour où elle l'a connu. Son cœur n'est plus en paix depuis. Elle a voulu se venger de sa belle-mère et elle s'est retrouvée prisonnière de ses sentiments et de ses regrets. Elle n'aurait jamais dû accepter ses rendez-vous. Pour ne pas commettre l'impardonnable, elle devait partir loin d'ici et à tout prix. -Tu penses pouvoir trouver un poste d'enseignant là-bas ? -Pourquoi ? Tu acceptes ?, s'écrie Ibtissem, Pourquoi ? -Parce que je t'aime... S'il y a un poste pour moi, je ne vois pas ce qui pourrait me retenir ici, répond Fethi. Je comprends que tu aspires à un changement radical... Ma mère, toujours à te dénigrer, à te critiquer... Je me demande comment tu as eu la force de la supporter ! Je vois bien qu'elle t'use avec sa petite guerre quotidienne ! Elle est ma mère, je continuerai à l'aimer tout en vivant loin d'elle ! -Réfléchis encore Fethi ! Je ne veux pas te séparer de ta famille, t'éloigner de ton quartier, lui dit-elle. Quant à ta mère, je peux encore la supporter, même si c'est difficile ! -Non... Moi aussi j'aspire à du changement dans ma vie, la rassure Fethi. Je vais passer à l'académie... Avec un peu de chance, il y aura quelque chose pour moi ! Ibtissem respire mieux depuis. Elle n'angoisse plus depuis ce jour, sachant qu'avec l'accord de son mari, son projet allait enfin se réaliser. Elle doit mettre autant de distance possible entre elle et Madjid. Il n'y a qu'ailleurs qu'elle pourra l'oublier. Enfin, c'est seulement loin de lui qu'elle ne pourra pas succomber à son désir. Quant à l'oublier, elle sait que cela ne sera pas facile. C'est à cause de lui qu'elle va partir loin d'ici. Toutes ses pensées la ramèneraient à lui. Le lendemain même, elle signe les papiers. Comme elle bénéficie du logement avec ce nouveau poste de travail, elle n'a pas de soucis à se faire. Le patron lui remet un bail de deux ans renouvelable. Ibtissem peut prendre quelques jours de congé avant de commencer à travailler, avec ses nouvelles responsabilités. La veille de son départ de l'entreprise, un pot est organisé à son honneur. Ibtissem en est toute émue et toute triste. Elle est à mille lieues de s'imaginer que Madjid est au courant. Il l'attend près de sa voiture à 16h. Ibtissem est toute troublée par sa présence. Elle lui en veut d'avoir cherché après elle, même si elle est heureuse de le voir après toutes ces semaines où elle le fuyait. -Pourquoi partir ? -Il le faut Madjid... C'est insupportable ! Je regrette... Pourquoi es-tu ici ? -Parce que je t'aime ! Fais-moi une faveur Ibtissem ! Puisque tu pars loin d'ici... Allons quelque part, à l'hôtel si tu veux... J'ai besoin de toi ! Une force insurmontable, quelle pulsion soudaine la pousse, elle qui avait eu tant de courage jusqu'ici ? Elle ne répond pas, la gorge nouée par l'émotion, ses paupières s'abaissent en signe d'assentiment. Le visage bouleversé, elle glisse sa main dans la sienne. Seulement aujourd'hui, rien qu'aujourd'hui... (À suivre) A. K.