Darija ou foçha ? Les puristes réclament la foçha( langue classique) et parlent la darija (dialecte)! Les opportunistes politiques défendent l'arabe et envoient leurs enfants dans des écoles françaises ! Nous sommes dans une société intellectuellement hypocrite. Perfide. Sournoise. Fausse ! Sans la darija (le dialecte) la langue arabe est condamnée à vivre dans la liturgie. Pour qu'elle se libère de sa mémoire religieuse, la langue arabe est dans l'obligation de se jeter dans le bain de la darija. La darija est la boue de sauvetage pour l'arabe. Sans la darija l'arabe mourra. Disparaîtra de la vie sociale, la vie du quotidien. Bien que l'arabe est une langue d'avant l'islam, mais cette religion s'est accaparée d'elle. La religion islamique a confisqué la langue arabe. Et les religieux d'aujourd'hui ont fait d'elle leur fonds de commerce politique. Dès qu'on parle de langue arabe on est automatiquement, dans l'imaginaire socioculturel, dans un discours religieux. Malgré qu'elle soit une belle langue, l'arabe demeure une langue non cultivée ou peu cultivée. La langue arabe classique est de plus en plus fatiguée par le religieux politique et le conservatisme. Elle est coupée du monde, ne puisant que de son passé glorieux. Il y a comme une impuissance chez intelligentsia arabe moderne. Une démission ! L'absence de la traduction est un handicap pour le développement de la langue arabe. Le conservatisme qui frappe ses académies. Chaque pays a son académie coupée de la réalité linguistique. Toutes les langues sont bâtardes. Et les langues les plus fortes sont celles qui forniquent le plus. Celles qui vivent dans la trahison continue. La pureté dans les langues est une illusion. La pureté n'existe que dans les têtes des puristes utopiques ! Dans les circonstances historiques dures et perturbées, toutes les nations ont couru à la langue comme facteur pour l'unité nationale. Mais cette langue est condamnée de changer pour faire face aux nouvelles exigences de l'histoire, économiques, scientifiques ou idéologiques. Chez nous, en Algérie, ce n'est ni l'arabe ni le français qui est menacée, c'est plutôt la langue tamazight qui subit toutes les tortures de l'histoire. Toutes les marginalisations, les condamnations de la part de ceux qui ont "fabriqué" l'histoire à leur taille ! La langue arabe classique a été, et ce, depuis l'indépendance, une langue sacrée dans les mosquées et les écoles. Entre le religieux et le national. La langue française a été toujours une langue d'ouverture et de décision. La darija (dialecte) a été toujours dans la rue, prise en charge par le génie populaire. Elle est la langue de nos meilleures pièces théâtrales. Elle est la langue de Alloula, de Medjoubi, de Kateb Yacine, de Ould Kaki... En somme la darija est la langue de notre théâtre dans toutes ses belles fresques. Elle est la langue de nos meilleurs poètes Benkhlouf, Benkriyou, Benghitoune, El Khaldi, Ould Zine... Elle est la langue de notre cinéma, dans ses meilleurs films : Chroniques des années de braise, l'Opium et le Bâton, Omar Gatlato, el Manara... À l'heure où la darija s'installe dans l'art et la création : chanson, théâtre, cinéma, feuilletons télévisés locaux ou doublés, l'arabe classique la foçha s'installe dans les mosquées, dans les prêches des vendredis, dans les prières des morts et dans les discours officiels mensongers. Et cette darija avec son génie populaire qui est capable de faire revenir l'arabe à l'histoire et à la rue. Au Maroc, même le Coran a été traduit dans le maghribi (le marocain). Dans le monde arabe d'aujourd'hui une guerre des darijas (des dialectes) est déclarée. Nous constatons ce phénomène dans les programmes diffusés par les chaînes de télévision. Chaque pays défend sa darija. La darija est devenue l'identité de la personnalité d'un pays ou d'un autre. Les pays du Golfe ont mis le paquet pour préserver leur langue face à l'égyptienne, la syrienne ou la libanaise. A. Z. [email protected]