L'attaque terroriste de Kona, à cinquante-six bornes au nord de Sévaré, a fourni un argument de taille pour le lancement de l'opération militaire française en janvier 2013. À cette date, Bamako était déjà en guerre contre les Touareg du MNLA et Ansar Eddine d'Iyad Ag Ghali, qui a versé, quelques mois plus tard, dans le terrorisme. Une attaque terroriste à Sévaré (Mopti), dans le centre du Mali, suivie d'une prise d'otages, a fait au moins huit victimes, dont deux étrangers et trois militaires, selon des sources concordantes. D'autres sources affirment que quatre personnes sont mortes, dont deux militaires maliens et un assaillant, dans les échanges de tirs dans cette ville stratégique, car abritant le deuxième plus grand aéroport du pays après celui de la capitale Bamako. L'attaque a commencé tôt hier, après l'infiltration de plusieurs terroristes dans trois hôtels abritant des étrangers, donc le Byblos, situé à proximité de l'aéroport où des camps militaires de la mission onusienne (Minusma) et des forces de l'armée malienne (Famas) sont implantés. Quelques minutes avant le lancement de cette attaque, les terroristes ont fait le tour de la ville, à bord de leurs motos avec des mégaphones, pour demander aux habitants de rester chez eux, a rapporté la radio britannique BBC. Un autre hôtel, Debo, aurait été détruit par la violence des affrontements qui ont opposé toute la journée les Famas aux terroristes, dont certains auraient, selon des sources locales, passé la nuit dans ces établissements hôteliers où des ressortissants français, ukrainiens et sud-africains ont été pris en otages. Ces derniers travailleraient, selon les mêmes sources, au sein de la mission onusienne et pour le compte d'organisations non gouvernementales. "Une attaque armée a eu lieu dans un hôtel au Mali et un ressortissant ukrainien figure parmi les otages", a posté Mariana Betsa, la ministre des Affaires étrangères ukrainiennes sur son compte Twitter. Les otages français, qui seraient deux, appartiendraient aux troupes françaises de l'opération Barkhane, qui a été mise en place en remplacement de Serval. L'opération Serval a été lancée en janvier 2013, suite à l'attaque terroriste qui a visé la petite ville de Kona, à une cinquantaine de kilomètres au nord de Sévaré. Des maisons privées ont aussi été touchées par les tirs d'obus, selon le témoignage d'habitants et les photos postées via les réseaux sociaux. Il s'agit de la troisième attaque terroriste en l'espace d'une semaine, après celle du camp militaire des Fama à Gourma-Rharous (nord-ouest) le 3 août, qui a fait 11 morts. L'attentat avait été revendiqué par Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), via un communiqué diffusé par l'agence de presse privée mauritanienne Al-Akhbar. Deux jours auparavant, deux personnes ont péri dans une embuscade dans la région de Nampala (centre). Ces attaques ne sont qu'une partie d'une longue série d'autres attentats terroristes qui ont visé les Fama et les troupes de la Minusma, depuis la conclusion de l'accord d'Alger le 15 mai, par le gouvernement et les mouvements pro-Bamako, puis le 20 mai par la Coordination des mouvements de l'Azawad. La multiplication des actes terroristes, qui se sont étendus au Sud frontalier avec la Côte d'Ivoire, marque en effet un retour en force d'Ansar Eddine et dans une moindre mesure celui d'Aqmi. Ces attaques sont un coup dur pour le Mali et pour un accord qui commence, à peine, à être mis en œuvre par les parties impliquées dans le processus du dialogue intermalien d'Alger, débuté en juillet 2014. Dans la mise en œuvre dudit accord, il est en effet question d'une coopération étroite entre le gouvernement malien et les mouvements politico-armés touareg pour combattre ensemble les groupes terroristes dans le nord du pays, considéré comme leur fief. Mais au-delà des difficultés techniques rencontrées dans l'application de l'accord d'Alger, les blocages politiques et les rivalités opposant certains membres de la CMA entre eux et de la Plateforme (Pro-gouvernement) aux autorités de Bamako, le retour des mouvements terroristes pourraient aussi s'expliquer par la volonté d'Ansar Eddine à peser sur l'avenir politique qui est en train de se dessiner au Mali. ans compter la guerre engagée par l'ensemble des acteurs du nord-mali pour le contrôle du trafic de drogue et d'armes, en provenance de (ou vers) la Libye. L.M.