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Terrorisme : l'Arabie saoudite face à un effet boomerang ? 15 personnes, dont 12 policiers, tuées jeudi dans un attentat kamikaze dans le sud du royaume
L'attentat de ce jeudi donne davantage raison à ceux qui, en Occident, affirment que le royaume entrerait dans une zone de turbulences qui finirait par le disloquer en trois entités. L'Arabie saoudite a vécu ce jeudi l'un des pires attentats terroristes de son histoire. Au-delà du bilan macabre (15 morts, dont 12 policiers), c'est la portée de cet acte revendiqué par Daech qui laisse penser que le royaume est en train de subir l'effet boomerang de sa politique vis-à-vis des groupes extrémistes, y compris ceux qui ont choisi le terrorisme comme moyen d'expression. L'attentat a été commis par un kamikaze, identifié comme étant Abou Sinan al-Najdi, qui a fait détoner sa ceinture d'explosifs dans le QG des forces spéciales à Abha, selon le communiqué de la branche saoudienne de Daech, "Province d'Al-Hijaz". Pour commettre son forfait, le kamikaze a réussi à "s'infiltrer" sur le site censé être ultra-protégé au moment où les éléments des forces spéciales accomplissaient leur prière. Daech promet "aux tyrans de la péninsule Arabique" d'autres attaques qui vont leur nuire dans les prochains jours. L'Arabie saoudite est devenue une des cibles privilégiées de Daech qui a frappé par trois fois, entre mai et juillet, dans le royaume. L'attentat de jeudi dernier se distingue par rapport aux autres, dans la mesure où il a ciblé le QG des forces spéciales saoudiennes, ce qui porte un sérieux coup à la volonté affichée par les Al-Saoud de s'attaquer aux groupes terroristes, eux qui mènent une coalition armée au Yémen, sous prétexte de combattre les Houthis. L'attentat se distingue surtout par le fait qu'il se soit déroulé dans une zone loin des frontières avec l'Iran. D'habitude, Riyad accusait Téhéran d'être derrière les actes terroristes perpétrés sur son sol. Mais là, il s'agit de Daech, un groupe terroriste se réclamant sunnite, et qui a choisi comme théâtre d'action le sud du royaume, loin de l'influence supposée des Iraniens et des groupuscules chiites. Désormais, l'Arabie saoudite fait face à deux ennemis : les chiites au Yémen, avec tout ce que cela représente concernant la rivalité irano-saoudienne, et, présentement, Daech dont la "philosophie" est justement tirée des prêches d'imams saoudiens, grands exportateurs des idéaux "djihadistes" de par le monde. L'attentat de ce jeudi donne davantage raison à ceux qui, en Occident, affirment que le royaume entrerait dans une zone de turbulences qui finirait par le disloquer en trois entités. Un scénario qui fait peur aux monarchies du Golfe, qui ont vite exprimé leur solidarité avec les Al-Saoud, tout en affirmant leur volonté de combattre le terrorisme, les idées extrémistes et les sources de financement du terrorisme. Une première pour des monarchies souvent accusées de financer le terrorisme et d'encourager les idées extrémistes. L'Algérie, qui a "vigoureusement" condamné l'attentat de jeudi, n'a pas manqué de rappeler qu'elle "a souffert des affres du terrorisme". Les efforts de l'Algérie, en vue de sensibiliser les pays arabes et islamiques pour faire barrage à ce phénomène ont, souvent, rencontré une indifférence, à la limite de la complicité, de la part de certains pays accusés d'être les parrains du terrorisme international. Tout porte à croire que le royaume wahhabite devrait, désormais, faire avec la donne terroriste. Les attentats de mai dernier avaient poussé les responsables saoudiens à redoubler d'efforts en vue de combattre les cellules terroristes sur leur sol. Des centaines de personnes avaient été arrêtées et des mesures sécuritaires avaient été prises en vue de mettre en échec les plans terroristes. Mais l'attentat de jeudi est venu apporter la preuve que les terroristes sont bel et bien présents en Arabie saoudite et que leurs capacités de nuisance parviennent à déjouer les plans de lutte mis en place par le gouvernement saoudien. A.B.