Le caractère transnational du terrorisme fait que l'attentat perpétré avant-hier en Arabie saoudite et revendiqué par l'organisation criminelle Daech était prévisible, comme il ne serait pas étonnant que les organisations terroristes, dont Daech el Al Qaida, pourraient perpétrer des attentats contre les pays qui soutiennent le terrorisme. L'Arabie saoudite, qui soutient publiquement la poursuite de la guerre en Syrie, a été frappée de nouveau jeudi dans un attentat-suicide qui a fait 15 morts dans une mosquée au QG des forces spéciales dans le sud du royaume. Douze policiers figurent parmi les quinze personnes tuées dans l'attentat commis à Abha, chef-lieu de la province d'Assir, proche de la frontière avec le Yémen, où l'Arabie saoudite dirige une agression arabe, multipliaient les crimes de guerre dont celui perpétré il y a quelques jours et qui a fait 65 morts, dont dix enfants. Cet acte a été dénoncé par l'organisation non gouvernementale (ONG) Human Rights Watch qui l'a qualifié de «crime de guerre». L'attaque, survenue en Arabie saoudite lors de la prière du vendredi dans la mosquée, a également fait neuf blessés, dont trois grièvement atteints, selon le porte-parole du ministère de l'Intérieur. Elle a été rapidement revendiquée par l'EI, qui a précisé dans un communiqué mis en ligne qu'un kamikaze avait fait exploser sa ceinture d'explosifs, tuant et blessant des dizaines de personnes parmi les forces spéciales saoudiennes. Daech a promis «aux tyrans de la Péninsule arabique» de nouvelles attaques «dans les prochains jours». Trois précédents attentats-suicides menés en juillet et en mai en Arabie saoudite ont été revendiqués par Daech qui sévit dans plusieurs pays arabes, surtout en Syrie et en Irak. Cette organisation terroriste a ciblé notamment des mosquées chiites. Daech étend ses actions, s'en prenant cette fois à une mosquée fréquentée par des forces spéciales de la police saoudienne. La télévision d'Etat El-Ikhbariya a fait état de «douze policiers et trois employés tués». Le terroriste a choisi l'heure de la prière pour commettre son ignoble attaque. Cet attentat est donc l'une des attaques les plus meurtrières ayant visé les forces de sécurité depuis la vague de violences qui a endeuillé le royaume entre 2003 et 2006, alors attribuées ou revendiquées par le réseau extrémiste Al-Qaïda. Le roi Salmane était intervenu il y a quelque temps, après un attentat perpétré dans son pays, déclarant que son gouvernement sévirait contre ses auteurs ou ses commanditaires. «Quiconque a pris part, planifié, soutenu, coopéré ou sympathisé avec le crime odieux sera tenu responsable et poursuivi en justice», a-t-il averti. Cependant, le roi saoudien n'a pas mis un frein au soutien financier et logistique à des organisations terroristes sévissant en Syrie et en Irak. A trop jouer avec le feu… «A trop jouer avec le feu…» disent plusieurs observateurs de la scène sécuritaire internationale qui notent le soutien de l'Arabie saoudite à des organisations terroristes en Syrie, dont «Djabhat El Nosra» appartenant à Al Qaïda. Les mêmes terroristes acculés par l'armée syrienne se retournent contre ceux qui les soutiennent depuis des années. Parmi ces pays, l'Arabie saoudite qui récolte ce que ce pays a semé dans des pays du voisinage et même ailleurs. L'Arabie saoudite a mis en mai 2015 onze pays dont l'Algérie sur une liste noire, les accusant de ne pas lutter contre le financement du terrorisme et le blanchiment d'argent, avaient rapporté des médias. Une accusation dénuée de tout fondement mais appuyée par des considérations politiques, puisque l'opinion internationale n'ignore pas que c'est l'Algérie qui a initié la criminalisation du paiement de rançons aux organisations terroristes aux Nations unies et que le soutien de l'Arabie saoudite à des organisations terroristes dans le monde est un secret de Polichinelle. L'Arabie saoudite cherchait par cette accusation infondée à punir l'Algérie pour son refus de participer à l'agression du Yémen, notent des observateurs. L'information qui vient froisser les relations entre l'Algérie et le royaume saoudien a été révélée par le journal saoudien Mekkah qui a consulté des documents des services diplomatiques royaux. Le ministère saoudien des Affaires étrangères a adressé une note au ministère de l'Industrie et du Commerce ainsi qu'au Conseil de la monnaie saoudienne pour les mettre en garde contre onze Etats, dont l'Algérie, classés sur liste noire, qui ne respecteraient pas «les règles» en matière de lutte contre le blanchiment d'argent et le terrorisme. Sur cette liste noire titrée «Attention, il ne faut pas coopérer financièrement avec ces onze Etats», les pays sont classés en deux catégories : l'Iran et la Corée du Nord qui refusent de lutter contre le blanchiment d'argent et le financement du terrorisme, et neuf autres pays (Myanmar, Equateur, Pakistan, Indonésie, Ethiopie, Turquie, Yémen, Syrie et l'Algérie) qui ne respectent pas les règles du Gafi (Groupe d'action financière), un organisme intergouvernemental de lutte contre le blanchiment d'argent et le financement du terrorisme créé par les ministres des Finances des pays membres de l'ONU. Le royaume a ordonné aux ministères concernés de faire preuve de «plus de vigilance» dans leurs transactions financières avec ces onze pays afin de «parer aux risques d'implication dans des affaires de blanchiment d'argent ou de financement du terrorisme», a rapporté le journal saoudien Mekkah . «L'Algérie qui a, de tout temps, été à l'avant-garde de la lutte antiterroriste, a poursuivi ses efforts sur le plan international dans le sens de l'édification d'un système juridique visant à éradiquer ce fléau. Il est, de ce fait, indéniable qu'elle soit pionnière en termes de tarissement des sources de financement du terrorisme au sein d'un groupe composé de 36 pays ayant pour mission de resserrer l'étau autour des groupes terroristes», a réagi le porte-parole du ministère algérien de l'Intérieur, dans un communiqué du jeudi 21 mai 2015. Malgré les démentis officiels, les relations entre Riyad et Alger ne cessent de se détériorer. Le récent épisode qui a créé une crispation entre les deux pays, c'est quand l'Algérie a refusé de rejoindre la coalition arabe contre le Yémen, ce qui pourrait expliquer le classement de l'Algérie dans cette liste noire.