Des études montrent que l'Algérie pourrait économiser des centaines de millions de dollars par an si un système de récupération/recyclage fonctionnel était mis en place. Une autre illustration que les lois, les décrets et les décisions dans le domaine de l'environnement sont hélas généralement "encre sur papier", c'est l'échec du dispositif Eco-Jem. Le sujet est la récupération des emballages en carton pour une activité de valorisation et de recyclage. Ce dispositif public de reprise et de valorisation des déchets d'emballages avait été lancé en 2004 par les pouvoirs publics (décret exécutif n°04-199 du 19 juillet 2004 qui fixe les modalités de création, d'organisation, de fonctionnement et de financement du système public de traitement et de valorisation des déchets d'emballages). Il avait pour objectif de réduire la mise systématique en décharge, en commençant par le matériau le plus facile à traiter, à savoir le papier, avant de passer aux plastiques et aux autres composants (verres, bois, aluminium...). Ce projet-phare est piloté par l'Agence nationale des déchets (AND). L'idée de départ était de faire adhérer les entreprises productrices de déchets à travers le "paiement d'une contribution financière" qui leur accorde le droit "d'utiliser le logo Eco-Jem" sur leurs emballages. Ce logo "signifie que l'entreprise adhérente contribue financièrement à la reprise et à la valorisation de ses emballages". Cela concerne également les entreprises qui importent des produits d'emballage. Le principe est simple : un label "Eco-Jem" est délivré aux entreprises qui contribuent à recycler leurs déchets, soit par leur moyens propres, par un contrat avec une entreprise agréée pour la récupération des déchets ou le versement d'une taxe à la structure publique Eco-Jem, selon le principe du polluer-payeur. L'argent ramassé devait contribuer à aider les communes pour organiser le tri sélectif. Les initiateurs du projet ont calqué leur schéma sur ce qui se fait en Europe, notamment en France. à part que dans ce pays par exemple, il existe dans ce secteur plus de 7000 entreprises et établissements qui concourent au dynamisme et à la viabilité de la chaîne en amont et en aval en créant un véritable marché. L'incitation à la mise en place d'un environnement autour d'une activité nouvelle est le b.a.-ba de l'économie circulaire ; si un chaînon manque c'est toute l'opération qui s'écroule. Cinq villes (Staouéli, Annaba, Tlemcen, Djelfa et Ghardaïa) ont été choisies pour expérimenter un nouveau mode de collecte. Les déchets devaient être triés, un bac vert pour les déchets organiques, un bac bleu pour les emballages et un autre pour le verre. Des opérations-pilotes ont été initiées aussi au niveau des quartiers de Bab Ezzouar et de Kouba. C'est bien peu après 11 années. R. S.