La gestion des déchets ménagers est une préoccupation de l'heure. Elle a même fait l'objet d'un séminaire. Cette manifestation s'est assignée plusieurs objectifs, à savoir la protection de l'environnement, la promotion de la culture écologique, la préservation et restauration du patrimoine de la ville, la participation dans la bonne organisation de la cité et enfin la préservation de l'identité urbaine et la promotion de la culture citadine. Plusieurs spécialistes de l'environnement ont pris part à l'événement axé autour de deux thèmes: «la gestion des déchets solides», présenté par le professeur Ketrane Rachid de l'université de Béjaïa et «la gestion des centres d'enfouissement technique» animé par M.Bourouba Saïd de la direction de l'environnement de Béjaïa, le tout dans une organisation parfaite menée par M.Agunana Mansour. D'emblée, le professeur Katrane affirme: «Un Algérien produit quotidiennement en moyenne 0,75 kg de déchets solides», avant de préciser que «dans les grandes villes comme Alger, un citoyen génère environ 1,2kg /jour». Au total, quelque 7 millions de tonnes de déchets sont produits annuellement avec une prise en charge déficiente. A Béjaïa-ville, pour un ratio de 0,53kg/habitant/jour, on a 100 tonnes/jour de déchets. Les poubelles ménagères contiennent des matières organiques (73,74%), du papier (7,4%), du plastique (2,5%), des métaux (1,9%), du verre (0,96%) et divers (12,5%). Les déchets confiés aux éboueurs ne disparaissent pas. Ils finissent dans une décharge où ils mettront des décennies à se décomposer. Actuellement, les moyens sont inadaptés pour l'enlèvement et l'évacuation des déchets, les décharges ne sont pas contrôlées. Plus de 3000 décharges sauvages sont dénombrées. Les crédits alloués sont insuffisants. Les déchets ne sont pas triés. La valorisation des déchets par recyclage n'existe pas. Tout ceci sur fond d'un manque d'information et de sensibilisation des citoyens. A titre d'exemple, la décharge municipale de Béjaïa est située au coeur d'une aire protégée: le PNG (Parc national du Gouraya). Pourtant ce ne sont pas les solutions qui manquent. Le professeur Ketrane citera à titre d'exemple l'incinération, le compostage (engrais agricole), le tri et recyclage (verre, plastique, métaux, papier). Sur ce point, l'entreprise Reflet-Net, spécialisée dans la collecte des déchets, souhaite faire de la collecte et du triage dans le cadre du programme Eco-Jem. Quant à l'établissement Sabour, spécialisé dans la récupération, il souhaite exploiter la décharge de Boulimat pour faire le triage. Des initiatives qui ne demandent qu'à être écoutées pour améliorer un tant soit peu la situation qui va vers l'irréparable. La prise en charge des déchets en Algérie peut être une source de création de richesses et d'emplois. «La récupération de 20% des quantités mentionnées permettrait un gain de 3,5 milliards DA», indique le professeur Ketrane. Le conférencier expliquera ensuite tout l'arsenal juridique qui existe en la matière. Il s'étalera sur les instruments de gestion durable des déchets. L'élaboration du Programme national de gestion intégrée des déchets municipaux (Progdem), financé par l'Etat à hauteur de 22 milliards de dinars pour la période 2001-2005 et la mise en place d'un dispositif public en matière de collecte sélective, de tri et de valorisation des déchets d'emballage (Eco-Jem) sont autant d'instruments, mais les pouvoirs publics ont opté pour les Centres d'enfouissement technique (CET). La réalisation des CET implique impérativement l'éradication des décharges sauvages, la décontamination et la réhabilitation de leurs sites, a insisté le conférencier qui cite les Allemands qui traitent plus de 400 millions de tonnes de déchets chaque année et emploient plus de 250.000 personnes.