Des milliers de projets déjà inscrits dans les différents ministères et wilayas sont officiellement suspendus. Aucun secteur n'est épargné, sauf le logement. Mais là aussi, les cités construites souffriront du manque d'équipements et d'aménagements urbains indispensables. Après l'annulation de nombreux projets programmés par les différentes administrations et wilayas, conséquence de la baisse du prix du pétrole, c'est au tour des projets d'équipements, inscrits et disposant d'une autorisation de programme d'être suspendus. Cette décision concerne l'ensemble des programmes, y compris ceux de la santé et de l'éducation qui, jusqu'ici, étaient épargnés par les mesures de restrictions budgétaires, notamment en matière de recrutement et de promotion du personnel. Ainsi, selon un télex en date du 4 août 2015 émanant du ministère des Finances et signé par le directeur général du budget adressé notamment aux contrôleurs financiers auprès des ministères, institutions et établissements publics, tous les projets d'équipements inscrits et non lancés à ce jour seront gelés à l'exception des programmes de développement locaux (PCD). "Additionnellement à mon télex n°3455/MF/DGB/2015 du 25 juin 2015 et en exécution des instructions de Monsieur le Premier ministre contenues dans l'envoi n°1356/DC/PM visé en référence. Stop. Honneur de vous informer des précisions suivantes. Stop. Gel des projets d'équipements non lancés", lit-on dans le document dont nous détenons une copie. Celui-ci précise : "À l'exception des PCD, l'ensemble des projets n'ayant pas fait l'objet de notification d'ordre de service, y compris ceux financés au titre des comptes d'affectation spéciale." Cette mesure va encore plus loin : elle interdit même l'acquisition des véhicules administratifs au profit des administrations. "La directive de M. le Premier ministre relative au report de l'exercice 2016 de toute opération d'acquisition de véhicules est confirmée, y compris pour celles dont les crédits ont été déjà inscrits au titre du budget 2015." Le document précise encore que "cette mesure devra s'appliquer également, sauf accord préalable de M. le Premier ministre, aux projets de marchés portant sur l'acquisition de véhicules ayant fait l'objet d'un visa délivré par la commission des marchés publics compétente et qui n'ont pas fait l'objet d'un engagement ou d'un paiement". Ainsi, des milliers de projets structurants déjà inscrits dans les différents ministères et wilayas sont officiellement suspendus. Aucun secteur n'est épargné, sauf le logement. Mais là aussi, les cités construites souffriront du manque d'équipements et d'aménagements urbains indispensables. Les hôpitaux, centres de santé, universités, lycées, CEM, routes, infrastructures portuaires et aéroportuaires, inscrits déjà dans le cadre du programme sectoriel, sont aussi suspendus jusqu'à nouvel ordre. En plus de l'impact sur les conditions de vie des citoyens, c'est surtout l'emploi qui sera touché. Des centaines d'entreprises, notamment dans le secteur du bâtiment, de l'hydraulique et des travaux publics, vont devoir certainement faire face à un manque de plan de charge et endurer des difficultés pour maintenir leurs activités et préserver les milliers d'emplois, déjà précaires. Cette nouvelle mesure ne sera pas sans conséquences pour le pays, et les walis fraîchement nommés vont gérer les tensions sociales engendrées par cette décision. Celle-ci n'a pas épargné non plus les comptes d'affectation spéciale dont la prolifération et le manque de transparence et de rigueur au plan de leur gestion n'ont cessé d'être relevés tant par les magistrats de la Cour des comptes que par les parlementaires des deux Chambres à l'occasion de l'examen des différents projets de loi de règlement budgétaire. Nous sommes loin des discours rassurants sur la santé financière du pays. Le télex signé par le directeur du budget de l'Etat vient de mettre les points sur les "i" et souligner la gravité de la situation. Et les effets de la crise risquent d'être plus visibles dans les mois à venir. M. T.