Leur histoire était restée toujours méconnue après l'Indépendance et la célébration du 59e anniversaire du 20 Août 1956 a été une occasion de rappeler ces 27 fusillés à notre bon souvenir en leur rendant un vibrant hommage et en inaugurant un monument à leur mémoire. Eux, ce sont les 27 martyrs fusillés en une journée au village Aït Saïd-Ouzegane, dans la commune d'Irdjen, à une vingtaine de kilomètres à l'est de la ville de Tizi Ouzou. La placette principale de ce petit village était noire de monde, hier matin. De nombreux villageois, des représentants des autorités de wilaya, des élus locaux et nationaux, des anciens maquisards ainsi que l'ancien ministre Hamid Sidi-Saïd qui fut le premier directeur d'école après l'Indépendance dans cette localité, ont pris part à ce tout premier hommage rendu depuis l'Indépendance du pays à ces 27 martyrs froidement exécutés tous en même temps sous les regards de leurs enfants et leurs proches le 8 mai 1957. Le monument érigé à l'initiative de l'APC d'Irdjen et inauguré, hier, au centre du village, porte désormais les 27 noms de ces martyrs, âgés à l'époque entre 14 et 60 ans. Ces derniers ont été fusillés par les soldats sénégalais mobilisés par l'armée française sous la bannière de la Légion étrangère. Selon les témoignages recueillis sur place, le massacre a eu lieu dans la matinée du 8 mai 1957. Des moudjahidine, qui ont passé la nuit dans une des maisons de ce petit village situé à proximité du chef-lieu communal d'Irdjen, ont réussi à éliminer un gendarme français juste au moment de leur départ à l'aube. À peine la nouvelle parvenue au commandement local de l'armée française, une expédition punitive a été organisée dans ce village. À la première heure de cette journée restée marquée au fer rouge dans la mémoire collective dans la région, des troupes de la Légion étrangère formée de Sénégalais ont investi le village lançant ainsi une véritable chasse à l'homme. Toute personne de sexe masculin, jeune ou âgée, a été arrachée de son lit et conduite au centre du village où elle fut systématiquement fusillée. En quelques heures, la gent masculine s'est retrouvée complètement décimée dans ce village martyr. Depuis l'Indépendance du pays, cet épisode noir avec son lot de victimes est tombé dans l'oubli de l'histoire officielle. Il aura fallu 59 ans après l'Indépendance pour voir leur mémoire ressuscitée. S. L.