Résumé : Deux jours passent, et Samir rentre en laissant Mordjana et Amir au Sud. Cette dernière présente son fils au reste de la famille, mais sa mère ne pointe pas le bout de son nez. Elle décide alors d'aller lui rendre visite. Saléha était occupée à l'arrière de la maison. Surprise par l'intrusion de sa fille, elle se reprend pour lui reprocher sa venue. Saléha se retourne et reconnut sa fille. Elle demeure un moment interdite, puis lance d'une voix coléreuse : -C'est toi Mordjana ? Que viens-tu donc faire ici ? -Je suis venue te voir... Serait-ce interdit ? Saléha hausse les épaules et s'avance vers elle : -Au point où j'en suis, je ne sais plus quoi te répondre. -Tu veux dire que ton ingratitude te pousse à hésiter même à recevoir ta fille. -Mon ingratitude ? Tu parles d'ingratitude Mordjana ? Le mot est bien fort dans ta bouche... Tu en connais bien un bout toi. La jeune femme prend une lente inspiration pour se calmer et répondit : -Tu sous-entends que c'est moi l'ingrate, n'est-ce pas ? -C'est bien le cas... Tu ne trouves pas ? -Non mère... Je ne suis ni ingrate ni égoïste... C'est plutôt toi qui m'avais chassée de la maison lors de ma première visite... Tu refusais mon bonheur... Tu ne voulais même pas faire bonne figure devant mon mari. Saléha la dévisage un moment en silence, puis demande : -Et que viens-tu faire chez moi aujourd'hui ? -Te demander de te ressaisir et de passer voir baba Ameur au moins pour quelques minutes... Il n'en a plus pour longtemps.. -Il faut bien qu'il parte un jour, il a assez vécu, et bien vécu... Qu'espère-t-il donc ? Vivre éternellement ? -Non... Ce n'est pas ce que je voulais dire... Tu devrais faire un effort et aller te faire pardonner tes incartades. Saléha fronce les sourcils : -Mes incartades ? Tu veux dire que je lui ai manqué de respect ? Mordjana pousse un soupir de lassitude : -Je ne vais pas te faire une leçon de morale mère... Mais demander le pardon à un mourant est plutôt un devoir... Baba Ameur a beaucoup fait pour nous tous, et mérite bien de mourir en paix. Saléha s'emporte : -Je n'ai aucun ordre à recevoir de toi... Cela fait des jours que tu es chez tes grands-parents et tu n'as même pas daigné demander de mes nouvelles. Aujourd'hui, tu te lèves du bon pied pour venir en moralisatrice me dicter ma conduite. -Tu n'y es pas du tout... Je n'ai aucune morale à t'inculquer... Tu devrais être au moins reconnaissante envers tes beaux-parents... -Va raconter ça à ton père qui disparaît des mois durant sans donner signe de vie. Sait-il, lui, que son père est mourant ? -Je ne sais pas, mais toi tu es là, et tu devrais pour une fois montrer que ton cœur n'est pas aussi dur qu'il le paraît. Amir tirait sur la jupe de sa mère, et Mordjana se penche vers lui. Il tendit alors son index pour lui montrer une tortue qui était dans un coin, à l'ombre d'un mur. -C'est une tortue Amir... Elle est bien sage, tu peux t'approcher d'elle et la toucher... ? Viens, je vais te montrer. Saléha, qui n'avait pas encore remarqué le petit garçon, est stupéfaite : -C'est l'enfant de l'orphelinat ? Mordjana met vivement un doigt sur sa bouche : -Chut... Ne l'appelle pas ainsi... C'est Amir, mon petit garçon. -Ton garçon ? Elle se met à rire : -Tu appelles ce rescapé de la rue ton garçon ! Mordjana s'emporte : -Mère... Je pensais que tu avais un cœur, mais à ce que je vois, tu as une pierre bien dure à la place... Saléha hausse les épaules encore une fois : -Je suis ce que je suis... C'est toi qui es venue me trouver et non le contraire. -Je pensais retrouver ma mère... Celle qui m'a mise au monde, et celle sur qui je devais compter pour m'épauler et m'orienter. -Tu n'as qu'à demander à ta grand-mère de te venir en aide... C'est chez elle que tu t'es rendue n'est-ce pas ? -C'est vrai... Mais pour des raisons que tu connais très bien. (À suivre) Y. H.