Résumé : Samir se déplace au Sud et prend le petit Amir avec lui. De son côté, il est horrifié par l'état du vieux Ameur. Ce dernier est heureux de le revoir et de faire connaissance avec l'enfant de sa petite-fille. Amir le subjugue. Le vieil homme lui remet un cadeau : un cheval en cuir qu'il gardait depuis des années. Mordjana se lève pour le prendre sur l'étagère, avant de le lui tendre : -Dis merci à grand-père. Amir se penche sur le front de son grand-père et l'embrasse une seconde fois : -Merci grand-père. Emu, le vieil Ameur lui pince la joue : -Tu mérites bien un petit souvenir de moi. Et ce n'est pas tout. Je vais demander à ta grand-mère de te préparer un dîner digne de ton nom. Il tape dans ses mains et appelle Mimouna qui accourt : -Mimouna, nous avons des invités de marque aujourd'hui. Nous avons un prince et ses parents. Qu'attends-tu donc pour les honorer ? La vieille Mimouna lui jette un regard plein de reproches : -Crois-tu que je suis restée les bras croisés. J'ai déjà préparé le dîner, et ils peuvent passer tout de suite à table s'ils le désirent. Mordjana se lève. -Je vais servir. Mimouna s'approche de son mari. -Tu devrais manger un peu toi aussi. Tu as à peine goûté à ton lait cet après-midi. Il lève une main protestante : -Je n'ai pas faim, occupe-toi de nos invités. Samir lui tapote l'épaule : -Yemma Mimouna a dû nous concocter un festin comme à ses habitudes. Mais si tu ne le partages pas avec nous, nous n'allons pas y faire honneur. -Pourquoi mon fils ? Moi, je suis malade et usé, mais vous, vous êtes jeunes et en bonne santé. -Eh bien, la raison en vaut largement la peine. Tu es malade, et forcément tu as besoin de reprendre des forces. Si tu t'amuses à jeûner, ce ne sera pas la meilleure solution. Le vieil homme fait la moue et jette un regard désapprobateur à sa femme qui détourne le sien. Samir lui prend la main : -Allez ! Fais-moi plaisir, mange un peu. Tu veux que je t'aide à t'asseoir ? Malgré ses protestations, le vieil homme passe sous le joug et avale sa soupe jusqu'à la dernière cuillère. Mimouna est stupéfaite. Son mari refusait de se nourrir, voici plusieurs jours. Elle l'aide à se rallonger, avant d'aller rejoindre Mordjana et les autres dans la cuisine. Amir mangeait son ragoût avec appétit, et Samir redemandait de la soupe. -Elle est succulente cette soupe. Yemma Mimouna est vraiment douée pour la cuisine. La vieille femme est enchantée de voir tout ce monde autour d'elle. La veille, elle avait proposé à sa petite-fille de rendre visite à sa mère, mais cette dernière avait refusé. Saléha ne rendait plus visite à ses beaux-parents. Cela fait des mois qu'elle n'avait plus foulé le sol de leur maison. Mordjana découvrait de plus en plus le caractère sournois de sa mère et n'en revenait pas de la savoir ingrate, insensible et égoïste. Deux jours passent. Samir rentre à la maison. La jeune femme présente Amir au reste de la famille. Ses frères et sœurs le trouvent adorable. Mais Saléha ne montrait toujours pas le bout du nez. Elle décide alors d'aller la retrouver pour avoir une franche discussion avec elle. Son beau-père est mourant, et cela ne semblait point l'affecter. Pourtant, c'était lui qui l'avait prise sous son aile pour l'aider dans l'éducation de ses enfants lorsqu'Ahmed allait jusqu'à oublier leur existence. Amir courait et Mordjana le suivait en lui indiquant le chemin. Ils arrivèrent devant la vieille maison, et la jeune femme sentit un poids sur sa poitrine. Pourra-t-elle revivre dans ces lieux, maintenant qu'elle avait goûté à une meilleure vie ? Elle pousse la porte d'entrée qui s'ouvrit toute grande. La jeune femme pénètre dans le couloir sombre pour se rendre dans la cuisine. Un silence pesant régnait dans toute la maison. On dirait qu'on venait de déserter les lieux. La cuisine était vide, et les autres pièces aussi. Même les plus petits de ses frères ne donnaient pas signe de vie. Elle hausse les épaules et prend Amir par la main. Ils sont sûrement à l'école. Mais ni Safa ni sa mère ne se montraient non plus. Elle avance jusqu'au bout du couloir et jette un coup d'œil par la fenêtre qui donnait sur un petit espace où on étendait le linge. Sa mère était là. Elle secouait des couvertures. Mordjana revint sur ses pas et ressortit pour contourner la maison. Elle avançait d'un pas lent et hésitant, mais était déterminée à aller jusqu'au bout. (À suivre) Y. H.