Des présomptions de fraude fiscale et d'abus de biens sociaux pèsent sur les deux stars. Après l'icône du cinéma français Catherine Deneuve, entendue mercredi pendant cinq heures par la brigade financière, ce sera au tour d'un autre monstre sacré du 7e art de l'Hexagone, Gérard Depardieu, de se soumettre aux enquêteurs dans le cadre de la faillite du groupe Khalifa, dans son volet français. Lorsque le golden boy algérien avait lancé sa chaîne de télévision à partir de Paris, il avait opté pour une méthode de marketing peu classique, mais assez connue dans certaines grandes capitales. Plutôt qu'une campagne publicitaire, l'homme d'affaires déchu avait invité dans sa villa de Cannes un panel de personnalités qui ont souvent les faveurs des magazines et de la presse people, formidable vecteur promotionnel. Outre le “couple” du dernier film d'André Téchiné, Les Temps qui changent, vu aussi à Alger autour du président de la République lors du match amical de football Algérie OM, Moumen avait rassemblé autour de lui toute une constellation de stars. Certaines d'ailleurs très scintillantes dans la planète glamour : Naomi Campbell, Mélanie Griffith, Pamela Anderson, Andréa Bocelli. Et aussi Sting, Ricky Martin, Hervé Bourges, Jack Lang... Le jeune pharmacien de Cheraga était-il si puissant pour se retrouver si bien entouré ? Au fait, c'est son chéquier qui a permis cette fantaisie à cet homme plus connu pour ses penchants de flambeur que pour ses facultés de séducteur. Lorsque son empire s'est effondré, la justice française s'est penchée sur les anomalies engendrées par la faillite du groupe. C'est lors d'une perquisition que la juge d'instruction Isabelle Prevost-Desprez et les policiers de la Brigade financière ont mis la main sur une liste de stars où est fortement représenté le monde de la télévision. En face de chaque nom se trouvait une somme dépensée par l'homme d'affaires pour obtenir la présence du lumineux invité. En juillet dernier, l'un des responsables parisiens de la communication de Khalifa aurait livré les noms des stars du cinéma français. Catherine Deneuve aurait ainsi perçu 40 000 euros pour la soirée de Cannes et 45 000 pour le déplacement à Alger qu'on avait voulu nous présenter comme le signe d'un retour de la paix dans un pays où l'on continuait d'égorger pourtant. Le peuple est trop ravi et les épargnants algériens n'avaient pas à se soucier pour leurs économies... Depardieu, lui, n'aurait pas reçu d'argent mais se serait servi des avions de Khalifa Airways pour des déplacements personnels. L'acteur jure qu'il a tenté d'aider son ami à étendre ses affaires au continent américain. Selon des révélations du quotidien Le Parisien, Depardieu devrait être interrogé sur des investissements dans le secteur viticole en Algérie. La Banque d'Algérie aurait versé au dossier d'instruction des documents relatifs à un projet d'exploitation de 100 hectares de vigne à Mascara. Les enquêteurs, souligne Le Parisien, cherchent à savoir dans quelles conditions ce partenariat a été établi entre l'acteur et Khalifa. Pour Catherine Deneuve, les sommes remises dans son appartement parisien ou dans les sanitaires d'un hôtel n'apparaissent pas dans ses déclarations fiscales. Les usages veulent pourtant que ces campagnes promotionnelles peu ordinaires donnent lieu à des contrats. Khalifa a réussi à exporter en France les méthodes algériennes. S'il s'avère que l'actrice a dissimulé les sommes perçues, elle s'expose à des poursuites pour “fraude fiscale” et “recel d'abus de biens sociaux”. Le défilé des stars devrait donc se poursuivre devant les enquêteurs. Cela consolera-t-il les clients floués par Moumen ou attisera-t-il leur rage en apprenant comment leurs économies ont été dilapidées ? Y. K.