La chancelière allemande Angela Merkel s'est dit favorable à une implication directe de l'Iran dans le dialogue politique en Syrie, pour mettre fin à une guerre civile qui dure depuis mars 2011. C'est ce qu'elle a affirmé lundi soir, en intervenant sur la crise des réfugiés, dont une des principales raisons est la guerre en Syrie. La majorité des réfugiés qui ont déferlé ces derniers jours sur les pays de l'Europe de l'Est est de nationalité syrienne. "L'Iran a beaucoup d'influence sur ce qui passe en Syrie", a affirmé Angela Merkel, expliquant sa position par la reprise des relations diplomatiques entre Téhéran et les capitales occidentales, grâce à la conclusion au début du printemps de l'accord sur le nucléaire iranien. La chancelière allemande a affirmé aussi que la position d'Israël envers l'Iran doit changer, car Tel-Aviv s'est formellement opposé à toute participation de Téhéran au dialogue politique en Syrie. Mais Mme Merkel a expliqué que l'Iran doit aussi cesser ses discours hostiles à Israël. C'est la première fois qu'un dirigeant politique occidental suggère que l'Iran soit associé dans le processus du règlement de la crise syrienne. Les Etats-Unis ont déjà affirmé leur rejet de toute implication de l'Iran dans la lutte contre l'organisation autoproclamée Etat islamique (Daech), tout en soutenant que Téhéran constitue un acteur de taille dans la résolution du conflit entre l'opposition armée et le régime de Damas. Mais les Iraniens, accusés de soutenir financièrement et militairement le régime de Bachar Al-Assad, estiment qu'ils ont un rôle plus qu'important dans la stabilisation de la région du Proche-Orient, ce qu'appuient aussi de nombreux spécialistes et analystes. Les puissances occidentales auront-elles donc le courage d'associer Téhéran dans une éventuelle initiative diplomatique pour mettre fin à la souffrance de millions de Syriens qui vivent dispersés dans les camps de réfugiés installés dans les pays voisins et qui ne peuvent plus répondre à la demande croissante de place ? Avec l'aggravation de la crise des réfugiés en Europe, les Occidentaux, notamment les pays de l'Union européenne, pourraient s'aligner sur la position de l'Allemagne pour désamorcer la bombe syrienne et éviter le pire. Ceci dit, il sera difficile de convaincre l'opposition syrienne d'accepter que l'Iran joue le rôle qui lui sied dans cette crise qui a fait plus de 240 000 morts en quatre ans. L.M.