L'attentat perpétré mercredi à Damas, coûtant la vie au ministre syrien de la Défense et à d'autres responsables de la sécurité, a été condamné par plusieurs pays au moment où la Ligue arabe a appelé à une réunion ministérielle extraordinaire dimanche pour examiner les effets de la situation en Syrie. Le secrétaire général de la Ligue arabe, Nabil Al-Arabi, a estimé que l'attentat suicide de Damas "constitue un développement grave qui influera sur le cours des événements en Syrie". "J'ai à maintes reprises mis en garde contre la violence qui engendre la violence, élargit le champ de destruction et menace d'une guerre civile qui conduira à l'explosion de la situation non seulement en Syrie mais dans toute la région", a-t-il souligné dans un communiqué. M. Al Arabi a réitéré la position de la Ligue arabe qui estime que "la seule issue à la crise passe par la satisfaction des aspirations légitimes du peuple syrien à une transition pacifique vers un régime démocratique lui garantissant liberté et dignité". Il a fait savoir que la réunion du comité arabe chargé de la crise syrienne prévue dimanche dans la capitale qatarie "Doha" sera suivie d'une réunion ministérielle arabe extraordinaire pour examiner les implications de la situation en Syrie. La Russie, alliée inconditionnelle du régime syrien, a également condamné cet attentat qu'elle a qualifié "odieux", estimant qu'il s'agit de "nouvelle tentative de déstabilisation de la Syrie". "Nous voyons (dans cet attentat) une nouvelle tentative de déstabilisation de la situation en Syrie", a annoncé le ministère russe des Affaires étrangères dans un communiqué, en appelant à "punir" les auteurs de l'attaque. De leur côté, les ministres américain et britannique de la Défense, Leon Panetta et Philip Hammond, ont estimé que la situation actuelle en Syrie, est "incontrôlable". "C'est une situation qui devient rapidement incontrôlable et pour cette raison, il est extrêmement important de travailler avec les autres pays qui partagent cette inquiétude afin de mettre le plus de pression possible sur (le président syrien) Bachar al-Assad pour qu'il quitte le pouvoir et permette une transition pacifique", a déclaré M. Panetta au Pantagone. Pour sa part, M. Hammond a affirmé qu'il "partage absolument le sentiment de M. Panetta sur le fait que la situation devient incontrôlable à mesure que la violence se rapproche du coeur du régime", en se disant "horrifié" par les pertes civiles. A Berlin, la chancelière allemande Angela Merkel a plaidé pour l'adoption d'"urgence" d'une résolution des Nations unies sur la Syrie, en proie à des violences depuis plus d'un an ayant fait des milliers morts. Le gouvernement français, par le biais de son ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius a également condamné le "terrorisme" après l'attentat à Damas et a appelé à une "transition politique" en Syrie. A Téhéran, le ministre iranien des Affaires étrangères, Ali Akbar Salehi, a aussi condamné l'attentat lors d'un entretien téléphonique avec son homologue syrien Walid Mouallem et a appelé à "l'arrêt immédiat (...) des ingérences étrangères, des envois d'armes en Syrie et du soutien de certaines parties régionales et internationales aux actes terroristes". Pour l'Union européenne (UE), cet attentat "souligne le besoin urgent d'une action concertée du conseil de sécurité de l'ONU et de la communauté internationale pour la mise en œuvre du plan de paix de Kofi Annan". Ces violences en Syrie interviennent alors que le Conseil de sécurité de l'ONU s'apprête à voter ce mercredi un projet de résolution occidental prévoyant des sanctions contre Damas, un texte menacé par un double veto de la Russie et de la Chine, alliées de la Syrie. Des sources diplomatiques ont affirmé que l'émissaire international en Syrie, Koffi Annan avait demandé de retarder le vote de cette résolution. Plus tôt dans la journée, un kamikaze a actionné sa ceinture d'explosifs "au moment de la réunion" des principaux dirigeants de sécurité dans le bâtiment de la Sécurité nationale dans la capitale syrienne. Le beau-frère du président syrien, Assef Chawkat, l'un des principaux responsables de la sécurité dans le pays, a été tué dans cet attentat qui a aussi coûté la vie au ministre de la Défense, ainsi que le chef de la cellule de crise en Syrie, le général Hassan Turkmani, qui a succombé à ses blessures. Le général Chawkat et le ministre de la Défense, le général Daoud Rajha, sont les deux plus hauts responsables syriens à avoir été tués depuis le début de la révolte contre le régime en mars 2011. Le gouvernement syrien qui a qualifié l'attaque d'"acte terroriste" a réitéré sa détermination à "nettoyer" le pays des "terroristes".