Le procès de l'ancien président du Tchad, Hissène Habré, a repris hier à Dakar sous haute tension. Accusé de crimes de guerre, de torture et de crimes contre l'humanité, Habré a été amené de force pour comparaître devant les Chambres africaines extraordinaires (CAE), par une armada de policiers, après avoir refusé de se rendre à l'audience et rejeté les avocats commis d'office. "Cette mesure de l'amener de force sera toujours effectuée tant qu'il y a une résistance de la part de Habré", a expliqué le président des CAE, le juge Gustave Kam, à la reprise de l'audience, a rapporté l'Agence de presse sénégalaise (APS) dans sa version en ligne. Ses proches ont manifesté leur colère, provoquant un arrêt de l'audience du matin durant quelques minutes, avant que le procureur ne soit contraint de les expulser de la salle d'audience, a rapporté la presse locale. La situation a failli dégénérer, car certains proches de l'accusé s'en sont pris aux membres des forces de sécurité qui étaient chargés de la surveillance de Hissène Habré et de l'ordre dans le tribunal, provoquant ainsi quelques escarmouches sans gravité, ont ajouté les mêmes sources. Le procès avait été suspendu depuis le 20 juillet. Hissène Habré estime que les CAE n'ont aucune légitimité pour le juger. "Hissène Habré peut toujours essayer de provoquer d'autres perturbations, il ne dispose pas d'un veto sur l'opportunité de son jugement ou sur le droit des victimes à obtenir justice", assurait au contraire, dans un communiqué publié la semaine dernière par Human Rights Watch (HRW), Reed Brody, une des figures qui luttent pour rendre justice aux victimes de l'ex-président tchadien et à leurs familles, dont certaines ont fait le déplacement jusqu'à Dakar pour assister au procès, le premier du genre sur le continent contre un ancien président africain. L. M.