Résumé : Ibtissem voudrait aller danser, mais Madjid prétexte être fatigué. Mais une fois dans la chambre, alors qu'elle s'apprête à prendre un bain, il trouve une excuse pour sortir. Ibtissem le suit jusqu'au taxiphone d'où il appelle sa femme. Il emploie le terme de "folle", ce qui la fait enrager. La douche froide qu'elle prend ne suffit pas à la calmer... Madjid aurait pu appeler de l'hôtel, mais il s'est souvenu que leur téléphone avait un afficheur, il avait craint que Nadia ne rappelle plus tard et découvre qu'il lui a menti. Il retourne à l'hôtel, soulagé d'avoir pu rassurer sa femme. Quand il entre dans la chambre, il la trouve au lit, regardant la télévision. Comme elle lui tourne le dos, il ne sait pas si elle dort ou regarde. - Ibtissem, je suis rentré... Quand il s'assoit sur le bord du lit, elle se tourne, et il voit ses larmes. - Qu'est-ce qui se passe ? Pourquoi pleures-tu ? - Je me sens seule et j'ai si mal... - Où ? - Au bas-ventre, murmure-t-elle en y appuyant les mains. C'est comme l'autre fois... Peut-être que je ne suis pas remise de ma fausse couche ? Madjid hoche la tête. - Oui, tu n'as pas pris le temps de te remettre, reconnaît-il. - Je vais essayer de dormir, murmure-t-elle. Dans ta pharmacie, tu dois avoir des calmants ! Je voudrais ne plus sentir cette douleur et dormir ! Je voudrais oublier... Tout oublier ! - Tu veux que je t'emmène à l'hôpital ?, propose-t-il. - Non, non. Je vais supporter jusqu'au matin, dit-elle. Je vais essayer de dormir... Ibtissem choisit une meilleure position et feint de s'endormir. Madjid laisse la télé allumée mais baisse le son. Il ne retire pas ses vêtements, prêt à ressortir en cas d'urgence. Il se demande si elle est vraiment souffrante ou c'est juste de la comédie. Quand il est sorti appeler sa femme, elle allait bien. Epuisé par la longue journée, il finit par s'endormir, avant d'être réveillé par des gémissements. Il se redresse d'un coup, en réalisant qu'Ibtissem n'allait pas bien. Elle s'était levée et marchait à travers la pièce, les mains sur le ventre. Dormant sur le bord du lit, au risque d'en tomber, quand elle s'était levée, il n'avait rien senti. - Ton dîner n'est pas passé, je crois ! - Peut-être ça ou autre chose ! Madjid, on pourrait aller à la pharmacie ?, demande-t-elle. Peut-être que tu peux me faire une injection pour calmer la douleur... - Je t'emmène aux urgences ! C'est mieux ! Je suis pharmacien, pas médecin ! - Mais c'est tout comme, répond-elle. Je ne supporte plus l'odeur des hôpitaux ! S'il te plaît, emmène-moi à ta pharmacie ! Je sais que tu dois avoir des produits miracles ! - Passe une veste sur tes épaules. On y va... Mais elle s'habille et prend son sac à main. Elle s'appuie à son bras et ils quittent la chambre d'hôtel. Il est près de 4 h du matin. Personne dans le couloir, personne dans les escaliers ni même dans le hall. L'agent de sécurité dort avec un œil ouvert... - Le pauvre, ne le réveille pas ! Gardons la clef, murmure-t-elle. On va vite revenir... Madjid remet la clef dans sa poche. Ils se rendent à la pharmacie. Ibtissem gémit parfois. Une fois à l'intérieur, elle va s'asseoir derrière le comptoir pendant qu'il va chercher un médicament pour calmer les douleurs. Elle voit des ciseaux et les saisit. Alors qu'il est affairé à prendre du coton et de l'alcool, elle lui assène plusieurs coups au dos. - Ibti... Il réussit à se tourner. Il n'a pas le temps de lever le bras pour se protéger du prochain coup qui tombe à la poitrine. Ibtissem a frappé si fort que les ciseaux sont restés plantés dans la poitrine. Madjid s'accroche aux ciseaux, les retire en criant. Il tente de se jeter sur elle, mais tombe et ne parvient pas à se relever. Ibtissem sourit, heureuse de le voir à terre. Elle saisit les ciseaux, les range dans un sac en plastique. Elle regarde autour d'elle et se met à renverser les médicaments sur le sol. Elle voit la sacoche de Madjid, posée sur le comptoir, la prend avant d'éteindre et de partir. Elle n'a pas eu un seul regard vers Madjid qui ne gémissait plus... (À suivre) A. K.