Déclenchée par le Maroc, qui a bloqué par voie de justice l'ouverture d'un magasin Ikea dans la banlieue de Casablanca, avant que le gouvernement Benkirane ne menace de boycotter tous ses produits si la Suède ne révisait pas ses positions, la crise diplomatique entre Rabat et Stockholm est loin d'être terminée. Dans le but de calmer cette tension, une délégation de parlementaires marocains s'est rendue hier à Stockholm pour rencontrer de hautes autorités suédoises, a-t-on appris sur le site de Radio France Internationale. La raison non déclarée de cette crise est d'ordre purement politique et non économique, car le Maroc reproche à la Suède son projet de loi visant à reconnaître la République arabe sahraouie démocratique (Rasd). Face à cette position marocaine d'un possible boycott des produits suédois, une certaine inquiétude est ressentie à Stockholm, car les exportations suédoises vers le Maroc ont plus que doublé ces dix dernières années. En effet, le royaume alaouite, où une vingtaine de sociétés suédoises sont désormais installées, en particulier dans les secteurs des télécommunications et du transport, est devenu un des principaux partenaires en Afrique des Scandinaves. Comme de coutume, le Makhzen a recours au chantage pour obliger les Suédois à renoncer à leur intention de reconnaître le Sahara occidental. Il semble d'ailleurs que la ministre des Affaires étrangères, Margot Wallström, voulait faire volte-face vendredi alors que ses alliés, les Verts et le Parti de gauche, estiment toujours que le Sahara occidental doit être reconnu. À rappeler que la diplomatie suédoise s'est mise en évidence ces derniers temps en reconnaissant unilatéralement la Palestine en octobre dernier. Elle convoiterait une place de membre au Conseil de sécurité de l'ONU en 2017. M. T.